(Khartoum) Les affrontements tribaux dans l’État soudanais du Nil Bleu, à la frontière avec l’Éthiopie, ont fait 13 morts en quatre jours, selon un nouveau bilan publié par l’ONU lundi.  

Ces affrontements la semaine dernière à Wad al-Mahi entre membres de la tribu des Haoussas et de tribus rivales, dont celle des Hamaj, ont également fait 24 blessés.  

Alors que « 1200 personnes ont été déplacées par le conflit et ont trouvé refuge dans des écoles », ajoute l’ONU, « la situation reste tendue et imprévisible ».

« Les violences sont toujours en cours » a confirmé par téléphone à l’AFP Mohammed Noureddine, chef tribal Haoussa.

En soirée, les autorités ont imposé un couvre-feu nocturne à Wad al-Mahi, interdisant rassemblements et port d’armes.

« Les forces de sécurité ont été déployées pour calmer la situation », rapporte l’ONU, mais « il est possible que des représailles éclatent à tout moment ».

M. Noureddine avait assuré à l’AFP que les violences avaient éclaté à cause du « meurtre d’un fermier Haoussa ». L’ONU, de son côté, affirme que c’est le meurtre de « deux Hamaj en raison d’une dispute pour des terres ».  

La question de l’accès à la terre est très sensible au Soudan, l’un des pays les plus pauvres au monde, où l’agriculture et l’élevage représentent 43 % des emplois et 30 % du PIB. La coutume ancestrale interdit aux Haoussas, arrivés les derniers dans le Nil Bleu, de posséder la terre, ce qu’ils contestent.

Avant que ce nouveau conflit n’éclate, des affrontements entre l’ethnie africaine Haoussa et des tribus rivales avaient déjà fait depuis juillet 149 morts, des centaines de blessés et 64 800 déplacés, selon l’ONU.  

Les conflits tribaux connaissent une recrudescence au Soudan du fait, disent les experts, du vide sécuritaire créé par le putsch du 25 octobre 2021 à Khartoum. Entre janvier et août, ils ont fait plus de 370 morts et 177 000 déplacés, selon l’ONU. Samedi de nouveau, cinq personnes ont été tuées dans des heurts au Kordofan-Ouest dans le sud du Soudan.

Les Soudanais hostiles au coup d’État du général Abdel Fattah al-Burhane, qui manifestent chaque semaine depuis près d’un an, appellent désormais dans leurs défilés à « l’unité » et à « la fin du tribalisme ».  

La répression de ces manifestations a coûté la vie à moins 117 personnes, selon des médecins.