Les enfants font les frais de cinq années de combats en République centrafricaine : des milliers d'entre eux sont pris au piège dans des groupes armés, plusieurs souffrent de violences sexuelles, des dizaines de milliers ont faim et un sur quatre a fui son domicile, a dénoncé vendredi l'agence des Nations Unies pour l'enfance.

Le nouveau rapport plaide pour un financement de plusieurs millions de dollars pour l'une des crises les plus négligées au monde.

Profondément appauvrie, la République centrafricaine est déchirée par des combats interreligieux et intercommunautaires depuis 2013, lorsque des rebelles majoritairement musulmans ont pris le pouvoir dans la capitale, Bangui. La plupart des milices anti-balaka chrétiennes ont riposté, faisant des milliers de morts et déplaçant des centaines de milliers de personnes.

La violence s'est intensifiée et s'est répandue au cours de l'année écoulée après une période de paix relative, alors que des groupes armés se disputent des terres riches en or, en diamants et en uranium.

Les combattants ciblent souvent les civils plutôt que d'autres rebelles, attaquant des établissements de santé, des écoles, des mosquées, des églises et des camps pour personnes déplacées, indique le rapport de l'UNICEF. Au moins la moitié des 640 000 personnes déplacées sont des enfants.

« Cette crise touche l'un des pays les plus pauvres et les moins développés du monde, et l'un des plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, a déclaré Christine Muhigana, une représentante de l'UNICEF en République centrafricaine. Les conditions pour les enfants sont désespérées. »

Les enfants sont souvent séparés de leurs parents au milieu de la violence, devenant vulnérables aux groupes armés qui contrôlent maintenant les quatre cinquièmes du pays, a déclaré l'UNICEF. Des milliers d'enfants, principalement des garçons, seraient dans des groupes armés. Des milliers d'autres, dont la plupart des filles, sont exploitées et abusées sexuellement.

Un ancien enfant soldat a déclaré à l'agence onusienne : « On vous donne une arme et vous l'utilisez. Si on vous dit de tuer ou d'attaquer, vous le faites ». D'autres anciens enfants soldats, libérés des groupes armés, sont revenus plus tard pour pouvoir gagner de l'argent, a-t-il déclaré.

« Que ce soit par les ex-Séléka ou par les anti-Balaka, les droits des enfants sont bafoués », a déclaré Olivier Mirindi-Chiza, le chef du bureau de l'UNICEF dans la ville de Bambari.