Un groupe rebelle sud-soudanais a libéré mardi 280 enfants-soldats, premier groupe d'environ 3000 devant être mobilisés, a annoncé l'Unicef, l'agence de l'ONU pour l'enfance, mais des milliers d'autres continuent de combattre dans diverses forces armées.

Quelque 12 000 enfants, principalement des garçons, ont été recrutés de force au cours de la seule année écoulée au Soudan du Sud, plongé depuis décembre 2013 dans une guerre civile qui oppose l'armée loyale au président Salva Kiir aux troupes fidèles à son ancien vice-président Riek Machar.

«Le premier groupe de 280 enfants a été libéré aujourd'hui (mardi) dans le village de Gumuruk, situé dans l'État du Jonglei», dans l'est du pays, a annoncé l'Unicef dans un communiqué. Ils sont âgés de 11 ans à 17 ans et certains combattaient depuis quatre ans et n'ont jamais été à l'école.

Le reste des 3000 enfants à démobiliser devraient l'être dans les semaines à venir, «l'une des plus importantes opérations de démobilisation d'enfants jamais menées», selon l'Unicef.

Le Soudan du Sud, déjà confronté aux activités de groupes armés à son indépendance en juillet 2011, a sombré en décembre 2013 dans une guerre civile à grande échelle. Les combats entre les forces pro-Kiir et pro-Machar, toutes deux soutenues par divers groupes armés et milices ethniques plus ou moins autonomes, s'accompagnent de tueries et atrocités contre les civils sur des bases ethniques.

Les enfants libérés étaient enrôlés dans l'Armée démocratique du Soudan du Sud (SSDA)-Faction Cobra, un groupe rebelle dirigé par David Yau Yau et basé dans la région de Pibor (Jonglei).

La SSDA a été lancée en 2010, un an avant l'indépendance du Soudan du Sud, par George Athor, dissident de l'Armée populaire du Soudan du Sud (SPLA), la rébellion sudiste historique ayant conduit le pays à l'indépendance après des décennies de combat contre Khartoum.

La SSDA s'est fragmentée à la mort d'Athor, tué en décembre 2011 dans des affrontements avec la SPLA, devenue l'armée nationale sud-soudanaise.

«Ces enfants ont été contraints de faire et ont vu ce qu'aucun enfant ne devrait connaître», a déclaré le directeur de l'Unicef au Soudan du Sud, Jonathan Veitch.

Les enfants libérés ont reçu des soins, de la nourriture, des vêtements et se verront proposer rapidement des cours ou une formation professionnelle, selon l'Unicef.

L'ONU tente de retrouver leurs familles, «un défi colossal» dans un pays où plus de deux millions de personnes ont été chassées de chez elles depuis un an par les combats et les violences, parmi lesquelles plus de 500 000 ont trouvé refuge dans les pays voisins.

MM. Kiir et Machar doivent se rencontrer vendredi en marge du Sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, mais un an de négociations dans la capitale éthiopienne n'a pour l'heure pas permis de mettre fin aux affrontements, malgré une série de cessez-le-feu jamais respectée.