Des habitants de la ville du nord-est du Nigeria où plus de 200 écolières avaient été enlevées en avril par le groupe islamiste Boko Haram ont appelé vendredi l'ONU à intervenir en raison de l'aggravation des violences dans la région.

Les habitants de Chibok appellent aussi le gouvernement nigérian à «entamer des négociations immédiates» avec Boko Haram pour la libération des jeunes filles, a déclaré un ancien de la communauté, Pogu Bitrus, au cours d'une conférence de presse dans la capitale fédérale, Abuja.

Selon les habitants du district de Chibok, situé dans l'État instable de Borno (nord-est), les insurgés de Boko Haram se déchaînent dans la région et leurs exactions restent apparemment impunies.

Le groupe islamiste a mené 15 attaques contre 19 villages dans le district de Chibok depuis l'enlèvement des adolescentes le 14 avril, faisant plus de 200 morts, a affirmé Pogu Bitrus.

«La nation de Chibok veut déclarer formellement que l'incapacité ou le refus du gouvernement fédéral d'assurer la sécurité nécessaire (...) après l'enlèvement des jeunes filles ne nous laisse pas d'autre choix que d'en appeler aux Nations unies pour qu'elles utilisent leurs moyens pour venir à notre secours et nous protéger contre l'anéantissement imminent en tant que peuple», a-t-il dit.

Selon des experts militaires, l'armée nigériane, sous-équipée, est incapable de combattre efficacement Boko Haram, dont l'insurrection pour l'instauration d'un État islamique dans le Nord a fait des milliers de morts en cinq ans (plus de 2500 depuis le 1er janvier).

Les opérations menées dans le cadre de l'état d'urgence, décrété en mai 2013 à Borno et dans les États voisins de Yobe et d'Adamawa, ont chassé les islamistes des centres urbains. Mais elles ont été réalisées au détriment de la protection des populations des zones rurales, où les attaques se sont multipliées de manière spectaculaire, devenant quasiment quotidiennes, selon des analystes.

«La sécurité et la défense (des populations) sont assurées essentiellement par les groupes d'autodéfense locaux, qui sont mal équipés, et la police, tandis que les soldats présents à Chibok restent les bras croisés et regardent les villageois se faire massacrer chez eux, dans leurs fermes et dans des lieux de culte», a ajouté M. Bitrus.

Dans 90 % des attaques, les assaillants avaient prévenu les forces de sécurité, qui ont ignoré leurs avertissements, a-t-il affirmé.