Les équipes sanitaires nationales et étrangères intensifiaient jeudi en Guinée leur lutte pour enrayer la propagation d'une épidémie de fièvre Ebola, hautement contagieuse et le plus souvent mortelle, à l'origine de dizaines de morts depuis janvier.

Les derniers chiffres du ministère guinéen de la Santé indiquent que sur 88 cas de fièvre hémorragique virale détectés dans le sud de la Guinée, il y a eu 63 décès depuis le mois de janvier, soit un taux de létalité de 71,5%.

La ville de Guéckédou est la plus affectée avec 45 décès sur 61 cas, suivie des villes de Macenta (12 décès sur 19 cas) Kissidougou (5 décès sur 7 cas), et Kankan avec un seul cas mortel.

Les tests effectués sur des échantillons analysés dans des instituts spécialisés d'Europe et à Dakar ont établi qu'au moins onze des cas de fièvre hémorragique avaient été provoqués par le virus Ebola. Aucune indication n'a à ce jour été fournie sur l'origine des autres cas de fièvre.

Depuis l'annonce il y a une semaine de l'épidémie, les autorités sanitaires guinéennes et les organisations internationales présentes en Guinée, au premier rang desquelles l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et Médecins sans frontières (MSF) ont multiplié les actions pour circonscrire l'épidémie et renforcé leurs équipes sur le terrain.

Il n'existe aucun vaccin ni remède contre le virus Ebola et seules des mesures préventives peuvent permettre de maîtriser l'expansion de l'épidémie, comme l'installation de centres d'isolement des malades et la désinfection systématique des domiciles des personnes atteintes.

Plusieurs tonnes de matériel, dont des «kits d'hygiène» qui doivent permettre aux habitants de la région de se protéger, ont été expédiées dans le sud de la Guinée et les campagnes d'information et de sensibilisation, via les médias et le «porte-à-porte» - y compris dans les villages les plus reculés - montent en puissance.

Le Dr Sakoba Keita, responsable des services de prévention au ministère guinéen de la Santé, a dit mercredi qu'il pensait que «le pic» de l'épidémie était dépassé, ce qui n'a pas été confirmé d'autres sources sanitaires internationales.

Éviter la transmission transfrontalière

La vigilance est au maximum dans les six pays frontaliers de la Guinée, cinq morts sur six cas suspects ayant été enregistrés au Liberia et deux cas, dont un mortel, en Sierra Leone, les deux pays les plus proches du sud de la Guinée, foyer de l'épidémie.

Aucun autre cas n'a pour l'instant été détecté dans les quatre autres États frontaliers que sont la Côte d'Ivoire, le Mali, le Sénégal et la Guinée-Bissau. Tous ont cependant renforcé leurs systèmes d'alerte épidémiologique et renforcé leurs contrôles sanitaires aux frontières.

«Nous faisons le maximum» pour surveiller le territoire, principalement dans les centres de santé et aux frontières, «afin d'éviter une transmission transfrontalière», a déclaré mercredi à l'AFP Daouda Coulibaly, médecin épidémiologiste à l'Institut national d'hygiène publique (INHP) de Côte d'Ivoire.

Le délai d'incubation de la maladie provoquée par Ebola (de 2 à 21 jours) ne permet pas d'écarter la présence d'individus contaminés dans les pays voisins.

Le virus Ebola, mortel dans neuf cas sur dix, aurait été véhiculé par des chauves-souris en Guinée, selon les autorités sanitaires de ce pays. Il peut aussi l'être par des chimpanzés, des gorilles, des antilopes...

Il se transmet ensuite entre humains par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés.

Le virus Ebola tire son nom d'une rivière du nord de la République démocratique du Congo où il a été repéré pour la première fois en 1976.

Il a tué 1200 personnes pour 1850 cas avérés lors des épidémies les plus graves qui ont touché l'Afrique centrale, mais c'est la première fois qu'une épidémie de l'ampleur de celle qui touche la Guinée a lieu en Afrique de l'Ouest.