Une coalition menée par les Frères musulmans a déclaré, samedi, qu'elle était prête à entamer un dialogue national afin de mettre un terme à la crise politique qui secoue l'Égypte.

Il s'agit d'une première proposition officielle de la part des partisans du président déchu Mohammed Morsi, qui ont organisé des manifestations presque chaque jour pour demander son retour depuis qu'il a été destitué à la suite du coup d'État militaire du 3 juillet.

C'est aussi la première fois que les pro-Morsi n'exigent pas que l'ancien président retrouve son poste.

Il est toutefois peu probable que le gouvernement intérimaire laisse tomber le plan qu'il a adopté, qui prévoit la tenue d'élections parlementaire et présidentielle d'ici l'été.

Le plan comprend aussi l'amendement de la Constitution élaborée par les islamistes en 2012, un processus qui se terminera avec un référendum national d'ici la fin de l'année.

Même si l'offre de la coalition ne demande pas le retour de Mohammed Morsi à la présidence, elle insiste sur la nécessité de trouver une solution «légitime sur le plan constitutionnel», sans fournir davantage de détails.

Mohammed Bishr, un important membre des Frères musulmans, a indiqué à des journalistes que la proposition comprenait la libération des gens arrêtés après le renversement de Morsi. La coalition a également réclamé la fin des opérations de sécurité contre les membres des Frères et leurs alliés, ainsi que la réouverture des chaînes de télévision qui leur sont acquises.

«Nous visons la stabilité du pays et la sortie du marasme économique», a-t-il dit.

Selon la coalition, leur appel est destiné aux autres forces politiques nationales, ainsi qu'à l'armée et au gouvernement intérimaire qu'elle appuie. La coalition a offert une période de deux semaines pour discuter de la proposition.

Si cette proposition présentée samedi ne réclame pas le retour en poste de Morsi, elle insiste sur l'établissement d'une solution en fonction de la «légitimité constitutionnelle». Le groupe n'a pas donné plus de détails.

Un porte-parole des Frères et de leur parti politique a indiqué qu'une façon de restaurer cette légitimité constitutionnelle serait de permettre à Morsi de reprendre temporairement ses fonctions afin de déclencher de nouvelles élections ou de nommer un nouveau premier ministre.

Il n'a pas été possible de savoir de quelle façon le plan de la coalition pourrait fonctionner parallèlement au programme de l'armée pour ramener la démocratie en Égypte. Selon cette démarche, un référendum doit être tenu d'ici la fin de l'année sur les changements apportés à la constitution rédigée par les islamistes. Cela serait suivi d'élections parlementaires et présidentielles d'ici l'été.

Le vice-premier ministre Hossam Eissa a déclaré à l'Associated Press que les partisans de Morsi devraient tout d'abord accepter le plan soutenu par les militaires en tant que point de départ des discussions.

«Un appel au dialogue doit être basé sur l'acceptation des progrès réalisés depuis le renversement de Morsi et les ententes actuelles, a-t-il laissé entendre. Sans cette acceptation, il n'y a pas de dialogue.»

Pendant ce temps, un groupe de juges a déclaré en cour que l'État devrait démanteler l'aile politique des Frères, le Parti de la liberté et de la justice, et saisir tous ses biens, a rapporté l'agence de presse MENA. Un rapport de ce groupe de magistrats mentionne que le parti devrait être dissous, alors qu'une autre cour a déjà interdit les Frères musulmans, précise l'agence.

MENA a également indiqué que le groupe offrant des amendements à la constitution devrait avoir une version finale de ses recommandations d'ici mardi ou mercredi. Des membres de la coalition islamiste ont critiqué son travail.