Un économiste, Rui Duarte Barros, a été nommé mercredi premier ministre de transition de Guinée-Bissau par le président de transition Manuel Serifo Nhamadjo, un peu plus d'un mois après le coup d'État militaire du 12 avril, a appris l'AFP de source officielle.

M. Duarte Barros est un ancien responsable de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UÉMOA) qui a été ministre des Finances de son pays au début des années 2000. Il est proche du Parti de la rénovation sociale (PRS) de Kumba Yala, qui avant le coup d'État, était le principal leader d'opposition.

Il a été nommé après la signature d'un Pacte de transition d'un an par les représentants des putschistes et de 35 partis politiques, à l'exception de l'ex-parti au pouvoir, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

Ce pacte de trois pages, signé en présence des diplomates en poste à Bissau, reprend pour l'essentiel les recommandations faites par les chefs d'État de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) pour une transition d'un an en vue d'un retour à l'ordre constitutionnel par des élections générales.

Rui Duarte Barros doit désormais former un gouvernement de transition le plus large possible.

La semaine dernière, la CÉDÉAO avait entériné la désignation comme président de la transition de Manuel Serifo Nhamadjo, proposé par les putschistes, et avait écarté tout retour au pouvoir du président intérimaire renversé, Raimundo Pereira, et de l'ex-premier ministre Carlos Gomes Junior, dirigeants du PAIGC.

Arrêtés le jour du coup d'État mené par le chef d'état-major de l'armée Antonio Indjai, MM. Pereira et Gomes Junior ont été incarcérés pendant deux semaines, puis libérés le 27 avril et sont, depuis, réfugiés à l'étranger.

Dissident du PAIGC, M. Nhamadjo était arrivé troisième au premier tour de la présidentielle du 18 mars avec 15,75% des voix, un scrutin interrompu par le putsch. Arrivé en tête avec 49% des voix, M. Gomes Junior était favori du second tour face à Kumba Yala qui avait été prévu le 29 avril.

La nomination de M. Duarte Barros intervient peu avant l'arrivée prévue au plus tard vendredi de soldats de la CÉDÉAO, un contingent du Nigeria, qui devront remplacer les soldats de la Mission angolaise (MISSANG) dont la présence depuis plus d'un an était contestée par une frange de l'armée, dont les putschistes.

Face à ces tensions, l'Angola avait annoncé, le 9 avril, juste avant le coup d'État, le retrait de ses soldats.

Secouée par des convulsions politiques et militaires depuis son indépendance du Portugal en 1974 après une guerre de libération, la Guinée-Bissau est en outre devenue depuis plusieurs années une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe.

Des militaires et des hommes politiques bissau-guinéens sont soupçonnés d'être impliqués dans ce trafic qui renforce l'instabilité du pays.