Le roi peut désigner premier ministre la personne de son choix parmi les responsables du Parti Justice et développement (PJD, islamiste), vainqueur des élections au Maroc, et les ministres ne doivent plus avoir peur des proches du monarque, a déclaré dimanche le chef du PJD.

«Nous au PJD, on connaît la loi: le roi a le droit de désigner la personne de son choix parmi les responsables de notre parti», a indiqué Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du PJD au cours d'une conférence de presse à Rabat.

«Si le roi choisit comme premier ministre une autre personne que le secrétaire général, les responsables de notre parti se réuniront et décideront de la position à adopter», a-t-il ajouté.

M. Benkirane n'a pas été tendre envers l'entourage du roi, souvent craint au Maroc.

«N'importe qui vous dit qu'il est conseiller du roi, alors qu'il n'est ni conseiller, ni rien du tout. Cette époque doit maintenant se terminer», a lancé M. Benkirane, très en verve.

«J'appelle les (futurs) ministres à ne pas avoir peur. Ils sont nommés par le roi pour travailler», a-t-il dit.

Les islamistes modérés du PJD ont remporté les législatives du 25 novembre, obtenant plus du quart des sièges du futur parlement.

Cette victoire va permettre au roi Mohamed VI de désigner au sein de ce parti - qui comptait 47 députés dans la précédente chambre de 325 membres -, le chef du gouvernement, qui sera chargé de former un gouvernement de coalition.

Selon des informations, non confirmées officiellement, le chef du PJD a été convoqué vendredi soir au palais royal.

Évoquant le Mouvement de contestation du 20 février, qui revendique une réforme du système, le chef du PJD a déclaré qu'il était disposé à discuter avec eux «dès ce soir».

«S'ils disent des choses sérieuses, il faut les écouter. Si un seul Marocain a des choses sérieuses à dire, il faut l'écouter. Eux (dans le Mouvement du 20 février), ils sont des milliers».

Le PJD n'est pas associé à ce mouvement de contestation qui comporte des islamistes radicaux et des partis d'extrême gauche.

«Nos relations avec l'Europe et l'Amérique ont une dimension philosophique et historique, qu'on le veuille ou non. Aucun parti ne pourra modifier cette orientation», a enfin déclaré M. Benkirane qui a récemment fait de grands signes d'ouverture en direction des Occidentaux.

Quant aux Arabes, «qu'on le veuille ou non, ce sont nos frères», a-t-il lancé.