Trois Camerounais, arrêtés en juillet, ont été condamnés à cinq ans de prison ferme pour homosexualité par le tribunal de Ekounou (Yaoundé), a appris l'AFP mercredi auprès de leur avocat.

Le tribunal de première instance a condamné mardi «les trois» personnes poursuivies pour homosexualité «à cinq ans de prison ferme et au paiement de 200 000 FCFA (419$) d'amende», a affirmé Me Michel Togué, un de leurs avocats. Ces cinq ans de prison sont la peine maximale prévue par la législation camerounaise qui interdit les pratiques homosexuelles.

Me Togué a affirmé avoir fait appel de la décision. Selon lui, deux des accusés étaient présents à l'audience et ont été reconduits à la prison tandis qu'un mandat d'arrêt a été émis à l'encontre du troisième, absent.

Selon la police, les trois hommes avaient été surpris alors qu'ils avaient des rapports sexuels à bord d'un véhicule dans le quartier Essos à Yaoundé en juillet. Tous trois avaient été inculpés de «faits d'homosexualité». Deux des prévenus sont incarcérés depuis alors que le troisième avait bénéficié d'une mesure de liberté provisoire.

«C'est une mauvaise décision parce qu'il y a eu une violation flagrante des dispositions de la loi», a affirmé Me Togué selon lequel l'attitude et les commentaires du juge tout le long «des débats» laissaient «transparaître» qu'il est «homophobe».

«Lorsque le tribunal a rendu sa décision sur la culpabilité, la loi exige qu'il repasse la parole au ministère public pour requérir sur la peine, ce qui n'a pas été fait. La même loi stipule que le ministère public doit aussi se prononcer sur le passé pénal du prévenu, ce qui n'a pas été fait également», a-t-il poursuivi.

«Il (le tribunal) doit également donner la parole à la défense pour plaider les circonstances atténuantes, ce qui n'a pas été fait», a-t-il précisé.

En août 2010, l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) et l'ONG camerounaise Alternatives-Cameroun avaient demandé la dépénalisation des pratiques homosexuelles au Cameroun, invoquant les recommandations du Comité des droits de l'homme des Nations unies. Selon ce comité, la criminalisation de l'homosexualité «viole les droits à la vie privée et à la liberté de ne pas être discriminé».

Le 26 août, quatre autres Camerounais ont été écroués après avoir été inculpés d'homosexualité et l'instruction de leur affaire se poursuit, selon Me Togué, qui est aussi leur avocat.