La capitale somalienne est régulièrement dépeinte comme la ville la plus dangereuse de la planète.

Que la description soit appropriée ou non, elle demeure très présente à l'esprit des organisations médiatiques internationales qui rechignent à dépêcher sur place leurs journalistes, préférant utiliser lorsque c'est possible des pigistes d'origine somalienne.

Plusieurs envoyés spéciaux ont été tués ou enlevés au fil des ans. Une journaliste de la BBC, Kate Peyton, a notamment été abattue en 2005, quelques heures à peine après son arrivée. La pigiste canadienne Amanda Lindhout a été enlevée par des miliciens en 2008 et détenue pendant plus d'un an dans des conditions difficiles.

Du début du mois de septembre, un caméraman malaisien a été abattu par des soldats de la force d'intervention africaine. Selon un journaliste somalien rencontré à Mogadiscio, les troupes de l'AMISOM ont cru que l'homme était un kamikaze qui s'apprêtait à faire exploser son véhicule après qu'il se fut imbriqué accidentellement dans un convoi militaire.

Pour minimiser les risques, plusieurs journalistes de passage dans la capitale demandent à être pris en charge par l'AMISOM, qui dispose d'une base fortifiée dans le périmètre ultraprotégé de l'aéroport de Mogadiscio. L'approche est très contraignante puisque les militaires chapeautent étroitement les déplacements et limitent les contacts avec la population locale, pour des raisons de sécurité.

Sociétés privées

Un certain nombre d'entreprises locales offrent des services de protection privés. Celle que La Presse a choisie utilise comme base une résidence située à proximité de l'aéroport. Elle emploie en permanence une douzaine de gardes de sécurité armés, qui sont notamment chargés de surveiller le bâtiment en tout temps.

Sept ou huit d'entre eux accompagnent les journalistes au cours de leurs sorties à bord de véhicules aux vitres teintées. Ils se déploient lorsque des entrevues sont menées dans la rue ou dans les camps de réfugiés de manière à prévenir toute agression.

Avant chaque sortie, un coordonnateur s'assure, par ses contacts sur le terrain, que l'endroit à visiter est sûr. La destination n'est précisée aux chauffeurs qu'au moment du départ afin d'éviter que des gardes corrompus relaient l'information à des groupes mal intentionnés.

Les préparatifs, aussi méticuleux soient-ils, ne peuvent évidemment garantir une sécurité totale. L'équipe assistant La Presse s'est retrouvée il y a quelques semaines à quelques centaines de mètres d'une violente explosion. Un kamikaze qui ciblait l'AMISOM s'est fait sauter sans faire de victimes.