Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a déposé sa candidature à la présidentielle de novembre, dimanche à Kinshasa, au dernier jour de l'enregistrement des candidats, après un début de semaine émaillé par des violences dans la capitale de la RDC.

Élu en 2006, le chef de l'État, âgé de 40 ans, se présente pour un second mandat de cinq ans comme candidat unique de la majorité, même s'il s'est enregistré en «indépendant». Face à lui, l'opposition avance en ordre dispersé.

Douze candidats ont officiellement déposé leur dossier pour la présidentielle (contre 33 en 2006), et un autre prétendant, une femme, pourrait suivre lundi après avoir obtenu un délai supplémentaire, selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Les candidats à la magistrature suprême et aux législatives - scrutins à un seul tour prévus le 28 novembre - avaient jusqu'à dimanche à 18H30 à Kinshasa et 17H30 dans le reste du pays pour s'enregistrer.

Joseph Kabila est arrivé à pied vers 12H30 au bureau de la Céni, entouré d'une garde de militaires et policiers, et de plusieurs milliers de partisans, chantant et dansant.

Il en est ressorti environ un quart d'heure plus tard, saluant ses partisans de la main avant de quitter les lieux en voiture, sans faire de déclaration.

Vêtus de T-shirts ou tenant des drapeaux à l'effigie du président ou du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir), de nombreux supporteurs avaient rejoint dès la matinée les abords du bureau de la Céni, situé sur la principale artère de Kinshasa, rapidement fermée à la circulation.

De multiples banderoles et pancartes proclamaient notamment: «Joseph Kabila pour la continuité», «Ensemble pour Joseph Kabila Kabange», ou «Toujours fidèles à Raïs Kabila Kabange».

En début de semaine des violences ont fait un mort par balle, lors de la dispersion par la police d'un rassemblement de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, opposition). Auparavant, une permanence du PPRD, le siège de l'UDPS ainsi qu'une télévision proche de ce parti avaient été saccagés par des inconnus.

Aucun incident n'a été cette fois enregistré. Les autorités à Kinshasa avaient interdit toute manifestation politique jusqu'à dimanche -hors celle liées au dépôt des candidatures.

Joseph Kabila avait succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné le 16 janvier 2001 après avoir renversé en 1997 le Maréchal Mobutu, qui avait régné (1965-1997) sans partage sur l'ancienne colonie belge.

En 2006, le chef de l'État l'avait emporté (58,05%) au second tour face à Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), actuellement détenu et jugé à la Cour pénale internationale (CPI).

Trois principaux candidats de l'opposition briguent la magistrature suprême: Etienne Tshisekedi, 78 ans, leader de l'UDPS qui avait boycotté les élections de 2006, Vital Kamerhe, 51 ans, ex-président de l'Assemblée nationale passé dans l'opposition en 2010, et Léon Kengo wa Dondo, 76 ans, actuel président du Sénat et ancien mobutiste.

Si les deux derniers disent encore espérer un accord pour une candidature «commune», Etienne Tshisekedi a fait savoir que les discussions à ce sujet étaient terminées.

Joseph Kabila avait fait campagne en 2006 sur le thème du retour à la paix et de la reconstruction d'un pays ruiné par deux guerres successives (1996-1997, 1998-2003), grand comme près de quatre fois la France et doté de nombreuses richesses naturelles (minerais, bois, cours d'eau...).

En 2011, l'est du pays reste un foyer d'instabilité en raison de la présence de groupes armés encore actifs, et plus de 75% des 62 millions d'habitants vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté.

Près de 32 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour les scrutins de novembre, les premiers d'un cycle électoral qui prendra fin à l'été 2013.