L'armée du Sud-Soudan a accusé mercredi les forces du Nord d'avoir bombardé des zones situées de son côté de la frontière séparant les deux parties du pays, appelées à devenir deux États à partir de juillet à l'issue d'un référendum sur l'indépendance du Sud.

«Un avion Antonov de l'armée du (Nord) du Soudan a bombardé deux zones dans l'ouest de la région de Raja dans l'État du Bar el-Ghazal occidental lundi matin», a indiqué Philip Aguer, porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), les ex-rebelles aujourd'hui à la tête de l'armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan.

«Les gens ont été très surpris, car il n'y a pas eu d'avertissement, mais fort heureusement il n'y a pas eu de victime», a-t-il ajouté.

Le porte-parole de l'armée du Nord n'a pas pu être contacté dans l'immédiat pour réagir à ces accusations.

La zone où les bombardements auraient eu lieu est aussi frontalière du Darfour, en proie à une guerre civile qui est à l'origine de plus de 300 000 morts selon les estimations de l'ONU -10 000 d'après Khartoum- et 2,7 millions de déplacés.

L'armée du Nord a accusé le Sud d'apporter une aide aux rebelles du Darfour, ce que le Sud dément.

«Il n'y a pas de rebelles là bas et il va falloir leur demander (au Nord) pourquoi ils mènent ces attaques», a indiqué M. Aguer.

«Le Darfour est frontalier de cet État, mais la frontière est loin», a-t-il ajouté, tout précisant que l'armée du Sud n'envisage pas de mesure de représailles.

«Nous ne faisons que protester contre ces attaques, et leur demandons que cela ne se reproduise plus jamais», a ajouté M. Aguer.

Le Nord a déjà été accusé d'avoir lancé des bombardements similaires en novembre et en décembre. Les autorités du Nord avaient alors admis des bombardements lors d'un raid «accidentel» dans le cadre de la poursuite de rebelles.

Début mars, des responsables du Sud ont fait état de documents qui selon eux détaillaient des livraisons d'armes par le Nord à des milices rebelles dans le Sud, après des affrontements meurtriers au Sud.

Khartoum a fermement rejeté ces accusations, affirmant que les documents étaient des faux.

Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées depuis le référendum de janvier, dans des combats entre la SPLA et des milices rebelles dans l'état de Jonglei et ceux du Haut-Nil et d'Unité, tous deux frontaliers avec le Nord et riches en pétrole.