L'opposant égyptien et ancien haut fonctionnaire international Mohamed ElBaradei a exprimé son intention de se présenter à la présidence égyptienne sous réserve de véritables réformes démocratiques, dans des propos rapportés jeudi par l'agence Mena.

«Quand la période des candidatures à la présidentielle s'ouvrira, j'ai l'intention de me présenter», a-t-il dit mercredi soir à la chaîne privée ON TV, rapporte l'agence.

Mais «s'il n'y a pas de vrai système démocratique où le peuple serait représenté à la présidence et au Parlement, alors je ne ferai pas partie de ce décor, et je resterai un activiste politique», assure-t-il.

Le Prix Nobel de la Paix a également indiqué qu'il voterait «non» lors du référendum prévu dans moins de 10 jours sur des amendements constitutionnels, en demandant son report ou son annulation et l'élaboration d'une nouvelle Constitution.

L'armée, qui dirige l'Egypte depuis la chute de M. Moubarak le 11 février, a chargé une commission de juristes de travailler à l'amendement de la Constitution. Ses propositions doivent être soumises à une consultation populaire le 19 mars.

Les amendements proposés prévoient notamment de limiter la durée d'une présidence à deux mandats de quatre ans, contre un nombre illimité de mandats de six ans actuellement.

Ces amendements assouplissent également les conditions aujourd'hui très restrictives pour pouvoir présenter une candidature.

Mais d'après M. ElBaradei, l'Egypte a besoin d'une assemblée constituante chargée d'élaborer une nouvelle Constitution démocratique.

«Il y a dans le fait de rapiécer la Constitution une offense à la révolution égyptienne», a-t-il ajouté.

«Rien ne justifie de se précipiter dans l'élaboration d'une Constitution», a-t-il jugé.

«Si nous adoptons ces amendements, cela signifiera la tenue des élections législatives d'ici deux mois, et 80% des Egyptiens, ou la majorité silencieuse, n'aura pas l'occasion de participer à une vraie élection parlementaire», a-t-il encore dit.

M. ElBaradei fut l'un des principaux soutiens politiques des manifestants qui ont fait tomber M. Moubarak.