Les Béninois doivent choisir dimanche leur président parmi 14 candidats dont le sortant Boni Yayi, après deux reports consécutifs de l'élection dus à des raisons logistiques, avec toujours des retards dans les inscriptions électorales.

M. Yayi, un économiste de 58 ans, élu en 2006, brigue un nouveau mandat, bien que son image de «Monsieur propre» ait été éclaboussée par des scandales de corruption.

Le premier tour, initialement prévu le 27 février, avait été d'abord décalé d'une semaine pour permettre la compilation du fichier électronique, puis à nouveau vendredi 4 mars à la demande de la Commission électorale nationale autonome (Cena) mais aussi de l'ONU et de l'Union africaine.

D'après l'opposition jusqu'à un million d'électeurs potentiels avaient été omis des listes ou ne disposaient pas de cartes d'électeurs. Les autorités électorales s'efforçaient en tout cas d'achever l'inscription de quelque 300 000 électeurs d'ici ce jeudi.

La semaine dernière, des centaines de personnes avaient manifesté à Cotonou pour réclamer un délai supplémentaire.

En dépit de cette organisation chaotique ce petit pays d'Afrique de l'Ouest a la réputation d'avoir fait des progrès économiques et sociaux significatifs en vingt ans.

Ancienne colonie française (ex-Dahomey), ce pays de 9,3 millions d'habitants et berceau du culte vaudou, se remet lentement de graves inondations qui se sont produites fin 2010. Environ 55 000 foyers ont été détruits et 680 000 personnes sinistrées, selon les Nations unies.

Dimanche, la bataille se jouera essentiellement entre MM. Yayi et Houngbédji. L'économiste Abdoulaye Bio Tchané, le «troisième homme», pourrait se retrouver en faiseur de roi.

Marqués par des décennies de pouvoir de Mathieu Kérékou, dictateur marxiste-léniniste devenu président élu, les Béninois avaient opté en 2006 pour M. Yayi, alors novice en politique et associé au changement.

Promettant de lutter contre la corruption et la pauvreté, il avait recueilli, face à M. Houngbédji, près de 75% des suffrages au second tour d'une élection jugée libre et juste par les observateurs.

Mais son quinquennat a été marqué par des scandales financiers. Le plus récent, qualifié d'«affaire Madoff à la béninoise», en 2010, a vu des milliers de Béninois ruinés dans le cadre d'une escroquerie d'épargnants semblable à celle qui a valu en 2009 150 ans de prison à l'Américain Bernard Madoff.

Le président a été accusé de complicité, ce qu'il a nié.

La candidature d'Adrien Houngbédji qui aura 69 ans samedi, est soutenue par un grand nombre d'«anciens» de la scène politique béninoise.

Cette élection est décrite comme une bataille entre nouvelle et ancienne génération.

«Si jamais ils perdent c'est la mort politique de toute une génération de politiciens qui est toujours restée au pouvoir», a remarqué Malick Gomina, patron du groupe de presse Fraternité. Car M. Houngbédji, candidat aux cinq dernières présidentielles, sera bientôt frappé par la limite d'âge fixée par la Constitution pour se présenter, fixée à 70 ans.

Abdoulaye Bio Tchané, 58 ans, est un ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) et ex-dirigeant de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), qui se présente pour la première fois.

Si personne n'obtient la majorité absolue dimanche, un second tour aura lieu quinze jours plus tard.

La croissance économique annuelle du Bénin a considérablement ralenti ces dernières années. De 5% en 2008, elle a chuté à 2,7% en 2009 selon la Banque mondiale, et devrait encore reculer à 2,5% en 2010.