Les chefs d'État et de gouvernement francophones, réunis samedi en sommet à Montreux (Suisse), ont plaidé pour une plus grande place de l'Afrique dans les instances internationales, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies.

«Est-il normal qu'il n'y ait aucun membre permanent du Conseil de sécurité émanant de l'Afrique? Un milliard d'habitants! Dans trente ans, deux milliards d'habitants qui n'ont pas de représentation permanente! C'est un scandale!», a dénoncé le président français Nicolas Sarkozy, à l'ouverture de la réunion.

Parmi les 38 chefs d'État et de gouvernement présents à Montreux pour ce 13e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), figurent de nombreux Africains.

La réforme de la gouvernance mondiale est l'une des priorités que s'est fixée le chef de l'État français pour sa présidence des G20 et G8, respectivement à partir des 12 novembre et 1er janvier prochains.

Le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a appelé les dirigeants à faire de l'OIF plus qu'un «agitateur d'idées éclairé».

Il a également prôné «une démocratisation des relations internationales et un multilatéralisme équilibré, qui ne pourra s'accommoder plus longtemps d'une sous-représentation de l'Afrique dans les organes où se prennent les décisions qui la concernent pourtant directement».

L'Afrique, d'où sont issus 27% des États-membres de l'ONU, ne dispose que de trois sièges de membres non permanents au Conseil de sécurité. Depuis 2005, les pays africains réclament deux sièges permanents avec droit de veto. De son côté, la France plaide pour un élargissement progressif, commençant par l'attribution d'un siège permanent.

«Il faut réparer une erreur historique» et attribuer «un siège avec droit de veto» à l'Afrique, a déclaré le président sénégalais Abdoulaye Wade au cours d'une conférence de presse. «Cela me paraît tout à fait élémentaire» a-t-il ajouté.

Dans son discours d'ouverture, la présidente de la Confédération helvétique, Doris Leuthard, a jugé que la Francophonie avait «un rôle à jouer, comme plate-forme de dialogue Nord-Sud» afin de dépasser la logique des groupes régionaux ou politiques.

Le président burkinabé Blaise Compaoré a rappelé que l'Afrique représentait «plus de 50% des locuteurs de la langue française». «Ceci invite à accorder une place plus importante à l'Afrique», a-t-il dit.

La question de la gouvernance mondiale a fait l'objet de discussions à huis clos entre les dirigeants.

Des entretiens bilatéraux ont par ailleurs eu lieu, notamment entre le chef de l'État français et les présidents du Liban Michel Sleiman, de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila, du Burkina Faso Blaise Compaoré, du Mali Amadou Toumani Touré.

La sécurité dans la bande sahélo-saharienne et la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui retiennent depuis mi-septembre en otages cinq Français, un Malgache et un Togolais dans le nord du Mali, devaient également être abordées.

Les chefs d'État et de gouvernement devaient aussi évoquer la sécurité alimentaire, le changement climatique et la biodiversité. Autres sujets au menu, la reconstruction d'Haïti et la question de la langue française, parlée par 220 millions de personnes dans le monde, mais qui connaît un recul dans les instances internationales.

L'OIF, qui fête cette année ses 40 ans, regroupe 56 États et gouvernements membres et 14 pays observateurs. Elle dispose d'un budget d'environ 80 millions d'euros, dont le premier contributeur est la France (à près de 40%).

Une déclaration doit être signée dimanche, dernier jour de ce sommet biennal, au cours duquel le secrétaire général Abdou Diouf, 75 ans, devrait être reconduit dans ses fonctions.