Au moins dix personnes ont été tuées vendredi pendant la cérémonie du cinquantenaire de l'indépendance du Nigeria dans un double attentat à la voiture piégée à Abuja, première attaque de ce type menée dans la capitale et revendiquée par le principal groupe rebelle du pays.

Les attentats, qualifiés d'«acte épouvantable» par le président nigérian Goodluck Jonathan, ont eu lieu près d'Eagle Square, la place où se déroulait la cérémonie pour les 50 ans de l'indépendance, en présence des dirigeants du pays et de délégations étrangères.

«Il y a eu deux explosions de voitures piégées», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police de la capitale fédérale, Moshood Jimoh.

Un témoin a raconté à l'AFP avoir entendu «une première explosion, puis une seconde, forte, derrière nous». Une dizaine de véhicules ont été détruits par l'explosion. Pompiers, policiers et démineurs sont arrivés rapidement sur les lieux, près d'un tribunal de la capitale fédérale nigériane.

Un journaliste de l'AFP a pu voir six corps emmenés par les services de secours quelques instants après la première explosion.

«La seconde explosion a fait plus de victimes car la première avait attiré la foule» sur les lieux, a expliqué sous couvert d'anonymat un officier des services de renseignements.

Malgré le double attentat, les célébrations de l'indépendance n'ont pas été interrompues, notamment la parade militaire organisée pour l'événement.

Les attentats ont été revendiqués par le principal groupe rebelle du Nigeria, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend). «Le Mend revendique la responsabilité de l'attaque», écrit le groupe dans un communiqué.

Plus tôt vendredi, le Mend avait affirmé dans un autre communiqué avoir placé des bombes sur le site de la cérémonie, ainsi qu'à ses abords soulignant que les lieux devaient être évacués avant 10h30, heure locale (04h30, heure de Montréal).

La première explosion a eu lieu un peu plus d'une heure après l'expiration de l'ultimatum.

«En évacuant les lieux, restez à distance des véhicules et des poubelles», avertissait le texte. Cet ultimatum a été ignoré par les autorités.

«Il n'y a rien de bon à célébrer après 50 ans d'échecs», a estimé le Mend dans son communiqué, ajoutant: «depuis 50 ans, la population du delta du Niger a vu ses terres et ses ressources lui être volées».

Le Mend, qui y réclame une meilleure redistribution de la manne générée par le pétrole et le gaz extraits dans la région, a revendiqué dans le passé plusieurs enlèvements d'employés du secteur pétrolier et attaqué des installations pétrolières.

Dans un communiqué, le président Goodluck Jonathan a déclaré que les poseurs de bombes allaient «payer lourdement ce crime haineux».

À New York, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné le double attentat, tandis qu'à Bruxelles, la chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton déclarait qu'il s'agit «d'un acte terroriste méprisable contre une société démocratique». La France a également condamné le double attentat.