La force internationale de maintien de la paix en Somalie aurait besoin de presque tripler ses effectifs pour atteindre 20 000 soldats de la paix, en raison de la menace croissante des insurgés, a déclaré jeudi un émissaire particulier de l'ONU en Somalie.

L'émissaire Augustine Mahiga a déclaré au Conseil de sécurité qu'un nouveau dispositif international était nécessaire pour empêcher que des soldats étrangers, et des armes, n'entrent en Somalie pour s'en prendre aux forces de maintien de la paix et aux forces gouvernementales.

Vingt ans de guerre civile ont déchiré la Somalie mais l'influence croissante des insurgés islamistes shebab est une cause d'inquiétude de plus en plus grande pour les pays occidentaux.

Quelque 7200 soldats mal équipés faisant partie de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) représentent l'unique rempart empêchant les shebab de s'emparer de la capitale Mogadiscio.

«La menace a en fait augmenté à Mogadiscio et dans le sud de la Somalie», a déclaré Augustine Mahiga. L'Amisom et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) «prévoient d'amener le contingent de l'Amisom jusqu'à 20 000 soldats dans les mois qui viennent», a-t-elle ajouté.

«Le conseil de sécurité et de la paix de l'Union africaine va bientôt soumettre au Conseil de sécurité de l'ONU une demande d'autorisation pour augmenter les troupes à Mogadiscio et dans d'autres endroits stratégiques de Somalie», a-t-elle ajouté.

Les milices des shebab contrôlent une bonne partie du centre et du sud de la Somalie.

«Je suis inquiet de la situation sécuritaire dans le pays et de son impact potentiel dans toute la région», a souligné M. Mahiga devant le Conseil de sécurité.

Il a expliqué que le port de Kismayo contrôlé par les shebab «est devenu le point d'entrée pour les combattants étrangers, le matériel de guerre pour les insurgés et est devenu un centre d'activités criminelles et de commerce illégal».

«Il y a un besoin de sécurité maritime et aérienne renforcé pour empêcher ce matériel d'être utilisé contre l'Amisom et le gouvernement fédéral de transition», a-t-il dit.

M. Mahiga a encore invité le gouvernement de transition, dont le mandat expire en août 2011, à fournir des efforts urgents pour surmonter ses dissensions et asseoir son autorité.

L'ambassadeur de France auprès de l'ONU, Gérard Araud, a estimé que le gouvernement de transition devait «convaincre la population qu'il peut apporter les services de base, les soins médicaux, l'éducation, la justice et la sécurité». «Globalement, il reste des besoins considérables», a-t-il dit.