Les autorités ougandaises ont affirmé jeudi avoir arrêté tous les responsables des attentats sanglants de Kampala en juillet, exhibant à la presse les quatre suspects, dont l'un a dit avoir agi par «haine» des Américains.

Le 11 juillet, 76 personnes avaient été tuées dans les deux attentats suicide contre un restaurant éthiopien et le bar d'un club de rugby qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football.

«Nous avions promis au public de pourchasser les coupables (...), nous avons tenu notre promesse. Nous avons appréhendé tous les responsables qui ont planifié et exécuté ces lâches attaques», a affirmé le général James Mugira, chef des renseignements militaires ougandais.

Quatre hommes, tous de nationalité ougandaise, ont été présentés aux journalistes.

Les shebab somaliens, liés à Al-Qaïda, avaient revendiqué ces attaques et affirmé avoir agi en représailles à la participation de l'Ouganda à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) déployée à Mogadiscio.

Les shebab veulent renverser le gouvernement du président Sharif Cheikh Ahmed, un islamiste modéré élu en janvier 2009, qui ne contrôle qu'une petite partie de Mogadiscio et ne doit sa survie qu'à l'appui des 6 000 soldats burundais et ougandais de l'Amisom.

«J'ai rejoint les shebab en 2009», a raconté Issa Ahmed Ruyima, 33 ans, présenté comme le «chef du groupe», qui affirme aujourd'hui regretter «la perte de vies innocentes».

À la tête de cette «première et unique cellule shebab infiltrée» en Ouganda, il explique avoir agi «par haine des Américains, responsables de toutes les souffrances des musulmans dans le monde».

«Ce sont eux qui ont installé le TFG (gouvernement de transition) en Somalie pour empêcher la formation d'un État islamique, comme ils ont mis (le président Hamid) Karzaï en Afghanistan (...)», a-t-il accusé.

«J'ai été manipulé dans cette affaire», a assuré un autre suspect, Idris Nsubuga, selon qui les deux kamikazes étaient de nationalité somalienne et kényane.

Un autre membre du groupe, Hassan Ruyima, 27 ans, est le frère cadet d'Issa Ahmed Ruyima.

Le quatrième suspect se nomme Mohamed Mugisha, 24 ans, l'un des cinq Ougandais combattant habituellement dans les rangs des shebab en Somalie, selon les services secrets ougandais.

Trois Kényans avaient déjà été arrêtés et ont été récemment inculpés pour leur implication dans la planification des attentats. Un téléphone, retrouvé avec une ceinture d'explosifs au lendemain des attentats dans la sacoche d'un ordinateur portable dans une discothèque de Kampala, avait conduit à leur arrestation.

Issa Ahmed Ruyima, chef présumé du commando, a dit avoir combattu dans plusieurs régions de Somalie avec les Shebab, avant de se voir confier sa mission.

Il a expliqué avoir choisi comme cible le restaurant éthiopien car «les Ethiopiens sont aussi nos ennemis». L'armée éthiopienne était intervenue fin 2006 en Somalie pour soutenir le gouvernement et chasser les islamistes alors au pouvoir à Mogadiscio, avant de se retirer début 2009.