Le Soudan a critiqué dimanche le maintien par les Etats-Unis des sanctions économiques contre Khartoum, estimant que ce renouvellement allait à l'encontre de la position affichée par Washington.

«L'Amérique prétend oeuvrer comme médiatrice et exercer un rôle positif pour résoudre les problèmes du Soudan, au moment où elle renouvelle les sanctions contre nous», a déclaré à la presse Mustapha Osmane Ismaïl, conseiller du président Omar el-Béchir, lors d'une visite au Caire.

Le président américain Barack Obama a décidé mardi de maintenir pour un an les sanctions économiques contre le Soudan, une semaine après avoir révélé une nouvelle politique de pressions et incitations envers le gouvernement d'Omar el-Béchir.

M. Obama a estimé que la politique et les actions du régime soudanais étaient «hostiles aux intérêts des Etats-Unis» et représentaient «une menace permanente» contre la «sécurité nationale» américaine.

Ces sanctions, qui restreignent le commerce et les investissements américains au Soudan, visent notamment à empêcher que ce pays ne devienne un «havre de paix pour les terroristes», a souligné M. Obama.

Le président américain avait annoncé le 19 octobre une diplomatie plus active envers le régime soudanais, renforçant à la fois les incitations et la menace de sanctions, en particulier au cas où se poursuivrait le «génocide» au Darfour, province de l'ouest du Soudan.

Depuis 2003, le conflit au Darfour a fait 300 000 morts selon l'ONU, 10 000 selon le gouvernement soudanais.

Mustapha Osmane Ismaïl avait déjà «catégoriquement» rejeté «la stratégie américaine sous sa forme actuelle», tout en reconnaissant l'importance des relations avec les Etats-Unis.

Interrogé en outre sur la création, proposée par un panel de l'Union africaine, «d'une cour criminelle hybride» formée de juges soudanais et étrangers, ayant pour mandat de juger les auteurs de crimes commis au Darfour, le conseiller de M. Béchir a indiqué que le Soudan avait des «réserves» sur ce point.

«Khartoum a accueilli favorablement le rapport dans ses grandes lignes (...). Le Soudan n'a eu des réserves que sur l'article concernant la création de cours hybrides», a-t-il affirmé.

M. Osmane Ismaïl a justifié ces réserves par «le manque de clarté» entourant la mise en place des cours, et par la nécessité que ces dernières soient «conformes à la loi et à la Constitution soudanaises».

Le conseil de paix et de sécurité de l'UA a adopté jeudi à Abuja les recommandations d'un rapport-clé préconisant des mesures pour un retour à la paix au Darfour, préparé par un panel de haut niveau présidé par l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki.