Le président Denis Sassou Nguesso est réélu au Congo-Brazzaville dès le premier tour avec 78,6% des voix, a annoncé mercredi le ministre de l'Administration du territoire chargé de l'organisation du scrutin avec la Commission nationale électorale (Conel).

Le taux de participation à l'élection de dimanche s'élève à 66,42% des inscrits.

 

Le candidat indépendant Joseph Kignoumbi Kia Mboungou est arrivé loin derrière le chef de l'État sortant, avec 7,46% des suffrages, suivi par Mathias Dzon, de l'opposition radicale, avec 2,30% des voix.

 

Denis Sassou Nguesso est arrivé au pouvoir en 1979 après un coup d'État et a dirigé le pays jusqu'à une défaite électorale en 1992. Un nouveau coup de force, avec l'aide de l'Angola, lui a permis de reprendre la tête du pays en 1997. Il a été élu en 2002 pour sept ans, après avoir remanié la Constitution pour accroître les pouvoirs présidentiels.

 

Si tout le monde convient que les opérations de vote se sont déroulées dans le calme à travers le pays, après deux semaines de campagne électorale sans heurts, le processus a été marqué par plusieurs points de désaccord.

 

D'abord sur le nombre d'électeurs: officiellement, 2,2 millions de Congolais -sur 3,6 millions d'habitants- étaient appelés à voter, chiffre contesté par l'opposition selon laquelle le fichier électoral a été «gonflé».

 

La participation, ensuite, a été au centre de la polémique. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, six candidats, dont l'opposant Mathias Dzon, 62 ans, considéré comme le principal adversaire du président-candidat, ont fait état d'une «abstention record», évoquant un taux de «plus de 90%». Ce chiffre a été jugé «farfelu» par le porte-parole du gouvernement, Alain Akouala Atipault.

 

Le ministre de l'Administration du territoire, Raymond Mboulou avait assuré que le taux de participation serait «au-dessus de la moyenne», tandis que le président de la Conel l'avait qualifié de «globalement très satisfaisant». Cependant, l'Association des droits de l'Homme et de l'univers carcéral (Adhuc) et la Rencontre pour la paix et les droits de l'Homme (RPDH), deux ONG congolaises, ont convergé mardi sur la forte abstention motivée, selon elles, par la peur.

 

«La population ne se voyant pas sécurisée a pris peur et s'est abstenue de voter en masse», a estimé Loamba Moké, président de l'Adhuc alors que la RPDH évoquait dans un communiqué un «climat de psychose et de traumatisme des électeurs».

 

Six des 12 adversaires du président sortant avaient appelé au boycott de l'élection, affirmant qu'elle ne pourrait se tenir dans des conditions de transparence satisfaisantes.