Le mandat d'arrêt émis mercredi par la CPI contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour marque «un grand jour» pour les peuple du Soudan et du Darfour, a déclaré à l'AFP un responsable des rebelles darfouris.

«Nous estimons que ce jour est un grand jour pour le peuple du Soudan et le peuple du Darfour», a réagi Mohammed Hussein Charif, représentant du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), un groupe rebelle de cette région de l'ouest soudanais en guerre civile depuis 2003.

«Nous renouvelons notre appel à (Omar el) Béchir à se présenter devant la Cour (pénale internationale, CPI) pour plaider son innocence, si bien sûr il est innocent», a-t-il ajouté.

Le chef actuel du JEM, Khalil Ibrahim, a soutenu le coup d'Etat d'Omar el-Béchir en juin 1989, avant de tourner le dos au gouvernement et de fonder à la fin des années 1990 un groupe de dissidents qui dénonçait la «domination» des Arabes sur la vie politique et économique.

De tendance islamiste, le JEM est le plus militarisé des nombreux groupes rebelles du Darfour, région de l'ouest du Soudan théâtre depuis six ans d'un conflit complexe qui a fait 300.000 morts, selon l'ONU. Khartoum chiffre de son côté à 10.000 le nombre de décès liés aux combats.

«Nous demandons au président de donner sa démission», a souligné pour sa part un responsable de la faction «Unité» de l'Armée de libération du Soudan (SLA), Mahjoub Hussein. «Nous allons prendre les mesures nécessaires pour livrer le président soudanais à la justice internationale», a ajouté cette faction rebelle dans un communiqué transmis à l'AFP.

«J'en appelle à tous les groupes de la résistance pour s'unir et coopérer afin de livrer Omar el-Béchir à la justice internationale», a déclaré à l'AFP, un autre chef rebelle Ahmed Abdel Shafi.

Malgré des différences ethniques et idéologiques, la rébellion du Darfour était relativement unie au début du conflit en février 2003 mais elle s'est fragmentée après mai 2006, à la suite de la signature d'un accord de paix avec Khartoum par l'un des leaders influents du Darfour, Minni Minnawi.

La CPI a annoncé mercredi avoir délivré un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, sans retenir le chef d'accusation de génocide.

Khartoum a réagi immédiatement en exprimant son «refus total» de la décision de la CPI et en relevant qu'il ne coopèrerait pas avec cette instance.

«Nous ne traiterons avec cette Cour», a déclaré le ministre de la Justice Abdel Basit Sabdarat, expliquant que son pays avait déjà refusé de coopérer par le passé avec la CPI.

«Elle n'est pas compétente (pour le Soudan), il s'agit d'une décision politique», a-t-il poursuivi.