Le président malgache Marc Ravalomanana a accusé le maire d'Antananarivo d'être «l'initiateur des troubles» qui ont fait au moins 34 morts depuis lundi dans la capitale où des milliers de partisans d'Andry Rajoelina affluaient mercredi matin pour un nouveau rassemblement.

Au moins 34 personnes ont trouvé la mort depuis lundi à Antananarivo à la suite des pillages et émeutes dans la ville en marge d'un grand rassemblement organisé par le maire de la capitale et dirigé contre le président malgache.

Vingt-cinq d'entre elles ont péri brûlées dans l'incendie d'une galerie marchande dans le centre-ville.

«C'était lui (le maire) le leader, l'initiateur de ces troubles», a déclaré à l'AFP M. Ravalomanana, qui a visité dans la matinée les locaux de la radio nationale malgache, incendiés par des émeutiers lundi.

«La priorité pour moi actuellement, c'est de réhabiliter tout ce qui a été détruit», a ajouté le chef de l'Etat.

Interrogé sur l'absence d'intervention des forces de l'ordre lundi contre les émeutiers et les pillards, M. Ravalomanana a répondu: «c'est moi qui ai donné l'ordre aux militaires de ne pas intervenir. Il faut bien gérer la crise, sinon cela aurait été un bain de sang».

Mercredi, la capitale s'apprêtait à connaître une nouvelle journée de manifestation: plusieurs milliers de partisans du maire étaient réunis dans le calme sur la place du 13 mai, en plein coeur de la capitale malgache, a constaté un journaliste de l'AFP.

Arborant la couleur orange du mouvement de contestation populaire lancée par le maire, devenu le principal opposant au régime, ces milliers de personnes écoutaient un orateur juché sur un équipement de sonorisation.

Le premier adjoint du maire frondeur d'Antananarivo a confirmé à l'AFP qu'une nouvelle manifestation devait être organisée mercredi dans la capitale.

«On va reprendre le mouvement. On attend maintenant la descente du maire sur la place de 13 mai», pour s'adresser à ses partisans, a déclaré à l'AFP par téléphone Andriamahazo Nirhy-Lanto.

Mardi matin, M. Rajoelina, surnommé «TGV» pour son caractère fonceur, avait annoncé la suspension du mouvement et appelé ses partisans à rentrer chez eux.

«On a arrêté hier pour marquer le deuil de ceux qui sont tombés dans le cadre du mouvement. Et également pour s'assurer que l'ordre soit garanti. A présent c'est ok», a déclaré l'adjoint.

Ce dernier a précisé qu'il n'y avait pour le moment pas de discussions directes avec le président Ravalomanana, estimant que ce dernier était «désavoué nationalement». Des pillages ont en effet été signalé à Mahajanga (côte ouest) et Toamasina (ex-Tamatave, côte est).

Mardi soir, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, préoccupé «face aux actes de violence» à Antananarivo, a encouragé les Malgaches «à la retenue et au dialogue».

M. Rajoelina entretient des rapports tendus avec le régime de M. Ravalomanana depuis son élection à la mairie en décembre 2007 comme candidat indépendant.

Le bras de fer s'est nettement durci depuis la fermeture par le gouvernement le 13 décembre 2008 de la télévision privée du maire, appelée Viva, après la diffusion par cette chaîne d'une interview de l'ex-président en exil Didier Ratsiraka.

«TGV» fustige aussi l'absence de liberté d'expression et de démocratie dans la Grande Ile et la «spoliation» des terres malgaches dans un colossal projet agricole mené par le Sud-Coréen Daewoo.

L'opposition a aussi dénoncé les accords avantageux accordés récemment par le gouvernement à des sociétés étrangères, notamment dans le secteur minier.