(Téhéran) La communauté internationale a lancé vendredi des appels à la retenue après une attaque de représailles contre l’Iran attribuée à Israël, dans un contexte d’escalade croissante au Moyen-Orient depuis le début de la guerre dévastatrice à Gaza il y a plus de six mois.

(Re)lisez « Israël a lancé une attaque contre l’Iran »

Avant l’aube, des explosions ont été entendues près d’une base militaire dans la région d’Ispahan dans le centre de l’Iran. Mais les autorités iraniennes ont minimisé l’impact des explosions et n’ont pas accusé directement Israël, qui ne les a pas revendiquées.  

Des médias américains, citant des responsables américains, ont affirmé qu’il s’agissait d’une opération israélienne menée en riposte à une attaque iranienne inédite aux drones et aux missiles contre Israël le 13 avril. Israël a juré de faire payer à l’Iran, son ennemi juré, le prix de son attaque.

Un haut responsable auprès du Congrès américain qui n’a pas souhaité être nommé a confirmé à l’AFP une attaque israélienne en Iran.

Cette dernière poussée de fièvre intervient alors que la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre, ne connaît pas de répit et a fait 34 012 morts à Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Tôt vendredi, l’agence de presse iranienne Fars a rapporté trois explosions près d’une base militaire à Qahjavarestan, entre Ispahan et son aéroport.

Des drones ont été abattus mais « il n’y a pas eu d’attaque de missiles », a précisé le porte-parole de l’agence iranienne de l’espace.  Il n’y a « eu, jusqu’à présent, aucune attaque aérienne depuis l’extérieur des frontières contre Ispahan ou d’autres régions du pays », a-t-il ajouté.

« Nous n’avons pas de commentaire pour le moment », a indiqué un porte-parole de l’armée israélienne à l’AFP au sujet des explosions.

Selon le New York Times, qui cite des responsables iraniens, l’attaque a été menée par de petits drones, probablement lancés depuis le territoire iranien.

De son côté, le Washington Post, citant un responsable israélien ayant requis l’anonymat, a affirmé que l’attaque visait à montrer à l’Iran qu’Israël avait la capacité de frapper à l’intérieur de son territoire.

« Désescalade »

Les installations nucléaires dans la région d’Ispahan sont « totalement en sécurité », a indiqué l’agence Tasnim dans la foulée de l’attaque.

« Aucun dégât » sur les sites nucléaires, a confirmé l’agence internationale de l’énergie atomique.

À la réunion ministérielle du G7 à Capri en Italie, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a affirmé que les États-Unis, alliés historiques d’Israël, avaient « été informés au dernier moment » de l’attaque, sans préciser par qui.

Les États-Unis « n’ont pas été impliqués dans une opération offensive » a déclaré son homologue américain Antony Blinken, présent à Capri, soulignant que « l’objectif » de son pays et des autres membres du G7 était « la désescalade ».

PHOTO REMO CASILLI, REUTERS

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken

L’administration de Joe Biden martèle depuis plusieurs jours qu’elle ne veut pas « d’une guerre étendue avec l’Iran ».  

Signe de l’inquiétude croissante, l’ambassade américaine en Israël a ordonné à ses employés de limiter leurs déplacements dans le pays. L’ambassade de Chine en Iran a appelé ses ressortissants à prendre leurs « précautions ».

« Arrêter le cycle dangereux »

« Il est grand temps d’arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient », a dit le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres cité par son porte-parole.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fait état de contacts avec l’Iran et Israël. « Nous avons dit aux Israéliens que l’Iran ne veut pas d’escalade », a-t-il précisé.

Plusieurs pays occidentaux, dont la France, et arabes ont appelé à la retenue.

Pour Sanam Vakil, expert à Chatham House, « la contre-attaque d’Israël contre l’Iran […] a été calibrée pour éviter des dommages et une nouvelle agression iranienne ».

« Tant que l’Iran continue de nier l’attaque et d’en détourner l’attention et qu’aucune autre attaque n’est constatée, les deux parties ont pour l’instant la possibilité de faire baisser l’escalade », a-t-il fait valoir.

Lors de la première attaque directe jamais menée par l’Iran contre le territoire israélien le 13 avril, Israël a affirmé avoir intercepté avec ses alliés, principalement les États-Unis, la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles iraniens.  

L’Iran a dit avoir agi en « légitime défense » après l’attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n’a ni confirmé ni démenti.

Aucun répit à Gaza

Sur le front sud d’Israël, l’armée israélienne a poursuivi ses frappes meurtrières sur la bande de Gaza qu’elle assiège et où les quelque 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.

Elle a dit avoir détruit « des sites militaires et des postes d’observation » dans le centre du petit territoire.

Ces dernières 24 heures, au moins 42 Palestiniens ont péri dans les bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’offensive d’envergure israélienne a été lancée après une attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1170 personnes essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250  personnes ont été enlevées durant l’attaque et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d’après des responsables israéliens.

Israël a dit vouloir anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par Israël, l’Union européenne et Israël.

Le G7 a dit son opposition à une offensive terrestre à Rafah (Sud), voulue par Israël pour qui cette ville, où sont massés 1,5 million de Palestiniens, est le dernier grand bastion du Hamas.