(San Francisco) Le dirigeant chinois Xi Jinping et le président américain Joe Biden discuteront de « la paix et du développement dans le monde », a affirmé lundi Pékin, à l’occasion d’un sommet majeur qui se tient cette semaine à San Francisco, où de nombreux alliés des États-Unis seront reçus.  

Les deux dirigeants tiendront mercredi leur première réunion depuis près d’un an, en marge du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) à San Francisco qui accueille depuis samedi et jusqu’à vendredi prochain les 20 autres membres de l’APEC.

« Les deux chefs d’État auront un dialogue approfondi sur les questions stratégiques, générales et directionnelles concernant les relations entre la Chine et les États-Unis, ainsi que sur les questions essentielles concernant la paix et le développement dans le monde », a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning lundi.  

Elle a aussi exhorté les États-Unis, lors d’un point presse régulier, à « respecter sincèrement les préoccupations raisonnables  de la Chine et ses droits légitimes au développement, plutôt que de mettre uniquement l’accent sur leurs propres préoccupations tout en nuisant aux intérêts de la Chine ».  

Biden et Xi discuteront de dossiers bilatéraux, régionaux et mondiaux ainsi que des moyens de « gérer la concurrence de manière responsable », avait auparavant estimé la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre.

Selon un haut responsable américain, la réunion de mercredi a pour objectif de « stabiliser » les relations profondément gelées entre les deux pays.  

Elle devrait aborder un large éventail de désaccords, notamment au sujet de Taïwan, où les élections dans deux mois pourraient déclencher de nouvelles tensions avec Pékin, qui revendique cette démocratie autonome et n’a pas exclu de s’en emparer par la force.

Alliés

Le sommet Xi-Biden fait suite à une série de réunions ces derniers mois entre responsables de haut niveau des deux pays mais ce sera la première rencontre des deux chefs d’État depuis novembre 2022 à Bali.  

L’APEC a été créée il y a trente ans, quand les responsables politiques américains pensaient qu’un commerce vigoureux rapprocherait les pays bordant l’océan Pacifique.

Cette vision optimiste a fait son temps. L’administration de Joe Biden ne propose à l’APEC qu’un pacte économique limité et a passé ces derniers mois à renforcer les sanctions contre la Chine, considérée comme le principal obstacle à la suprématie des États-Unis sur la scène mondiale.  

Mais les deux pays appellent de leurs vœux une plus grande stabilité dans leurs relations économiques et politiques. Et comme une visite à Washington est politiquement irréalisable, l’APEC offre à M. Xi une chance unique de voir son homologue sur le sol américain.

Si les États-Unis déploient des ressources diplomatiques conséquentes pour renouer avec la Chine, ils cherchent en revanche à isoler la Russie, membre de l’APEC, en raison de son invasion de l’Ukraine.  

Washington a clairement fait savoir que le président russe Vladimir Poutine, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, n’était pas le bienvenu.

Moscou sera représenté par le vice-premier ministre Alexeï Overtchouk. Il sera le visiteur russe le plus haut placé aux États-Unis depuis le début de la guerre.

En matière de diplomatie, M. Biden, contrairement à son prédécesseur et rival Donald Trump, s’est attaché à mettre en avant les alliances, notamment via des nouveaux formats comme le pacte militaire tripartite avec l’Australie et le Royaume-Uni.  

Négociations

Parmi les alliés des États-Unis présents à l’APEC figurent le premier ministre australien Anthony Albanese, qui s’est rendu aussi bien à Washington qu’à Pékin le mois dernier, le premier ministre japonais Fumio Kishida et le président sud-coréen Yoon Suk Yeol.

Avant de s’envoler pour San Francisco, M. Biden accueillera à la Maison-Blanche le président indonésien sortant, Joko Widodo. Les États-Unis convoitent les vastes réserves de nickel de l’archipel, essentielles pour les batteries des voitures électriques, mais la Chine domine la production sur place.

Le sommet a néanmoins peu de chance d’offrir un répit sur la question diplomatique qui accapare l’attention de M. Biden depuis un mois : la guerre entre Israël et le Hamas.

Les membres de l’APEC comprennent non seulement l’Indonésie, le plus grand pays à majorité musulmane du monde, mais aussi la Malaisie voisine. Le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, se rend à San Francisco en dépit des appels au boycott lancés par l’opposition dans son pays, en raison du soutien apporté par les États-Unis à Israël.  

Les accords de libre-échange n’ont plus la cote à Washington, Donald Trump ayant retiré les États-Unis du Partenariat transpacifique (TPP) naissant, proposé par son prédécesseur Barack Obama.