(Al-Arish) Nourriture, médicaments, purificateurs d’eau, produits d’hygiène, couvertures… Dans le Sinaï égyptien, l’aide humanitaire pour la bande de Gaza afflue à l’aéroport d’Al-Arich, qui a même rouvert une de ses pistes d’atterrissage pour tout pouvoir recevoir.

À quelques dizaines de kilomètres plus à l’est, se dresse Rafah, le poste-frontière que l’Égypte promet d’ouvrir vendredi, l’unique ouverture sur le petit territoire palestinien ravagé par les guerres et la pauvreté qui ne soit pas aux mains d’Israël.

Pour le patron de l’ONU, Antonio Guterres, le terminal de Rafah et l’aéroport d’Al-Arich « ne sont pas seulement vitaux, ils sont l’unique espoir des Gazaouis, leur bouée de sauvetage ».

« Nous recevons deux à trois avions d’aide par jour, affrétés par des agences humanitaires ou des États » qui veulent envoyer de la nourriture, de l’eau ou des équipements médicaux aux 2,4 millions de Palestiniens assiégés et bombardés par Israël, affirme de son côté à l’AFP Ahmed Ali, responsable du Croissant-Rouge égyptien.

Aussitôt déposées sur le tarmac réservé aux militaires, les cargaisons d’aide sont chargées dans des camions.

« Plus que catastrophique »

Israël, qui impose depuis 16 ans un strict blocus à Gaza et y a décrété un « siège complet » depuis le début de la guerre meurtrière déclenchée le 7 octobre après une attaque du mouvement islamiste Hamas sur son sol, a finalement donné son accord pour le passage de l’aide.

Mais désormais, c’est l’Égypte qui réclame du temps : elle assure réparer les routes qui relient son territoire à Gaza après quatre bombardements israéliens sur le terminal.

En attendant, les palettes d’aide sont stockées dans des entrepôts d’Al-Arich, le chef-lieu du Nord-Sinaï, explique M. Ali. Et dès que le feu vert sera donné, ajoute-t-il, 250 volontaires se tiennent prêts à les transporter à la frontière.

Jeudi, c’est un avion émirati qui décharge neuf tonnes d’aide de l’UNICEF. Le quatrième en une semaine maintenant qu’un point aérien relie Dubaï et Al-Arich, notamment pour le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le PAM, qui a déjà fourni de l’aide à 522 000 personnes depuis le début du conflit, a déclaré que 951 tonnes de nourriture étaient en cours d’acheminement ou avaient déjà été livrées à la frontière égyptienne, selon un porte-parole du programme. Cette quantité est suffisante pour nourrir 488 000 personnes pendant une semaine, a-t-il ajouté.

Car à Gaza, la situation est « plus que catastrophique » avec des stocks quasiment vides après 13 jours de guerre, explique Sara Alzawqari, responsable de la communication de l’UNICEF pour le Golfe.

« Nous avons distribué la quasi-totalité de l’aide que nous avions à l’intérieur de Gaza », rapporte-t-elle.

« Nous nous efforçons de faire fonctionner la seule usine de dessalement d’eau en état de marche dont la capacité est très réduite » par les pénuries de fuel et de courant maintenant que l’unique centrale électrique de Gaza est à l’arrêt, poursuit-elle.

« Le temps presse »

En représailles aux plus de 1400 morts sur son sol, Israël bombarde sans relâche la bande de Gaza depuis l’attaque sanglante du Hamas — au pouvoir dans le territoire. Il n’y aura bientôt plus d’eau ni carburant ni nourriture, ne cessent d’alerter les agences de l’ONU.

« Des équipements et des médicaments ont également été fournis aux hôpitaux, mais compte tenu du nombre de blessés, les lits d’hôpitaux et les médicaments essentiels manquent », ajoute Mme Alzawqari, alors que les autorités à Gaza comptent plus de 3700 morts et 12 500 blessés.

Or, « le temps presse et le nombre de victimes parmi les enfants ne fait qu’augmenter », prévient-elle, la situation « s’aggrave de minute en minute ».

Israël, l’Égypte et les États-Unis se sont mis d’accord sur un premier convoi de « 20 camions », un chiffre totalement insuffisant pour l’ONU qui veut « 100 camions par jour » pour nourrir les Gazaouis qui, déjà avant la guerre, dépendaient pour 60 % d’entre eux de l’aide alimentaire.

Si la nourriture, l’eau et le carburant sont la priorité, l’UNICEF a malgré tout glissé d’autres cartons dans les camions : des kits de jeux éducatifs.

Car, dit Mme Alzawqari, il faut que les enfants puissent continuer « à jouer et à apprendre ».