(Washington) La Chine ambitionne de dépasser les États-Unis en tant que première puissance mondiale, a déclaré jeudi le secrétaire d’État américain Antony Blinken, tout en lançant une nouvelle mise en garde au sujet de Taïwan.

Les États-Unis ont désigné la Chine comme leur principal défi à long terme et redoublent d’efforts pour renforcer la présence américaine dans la zone Asie-Pacifique.

« Je pense que son objectif est de devenir la puissance dominante dans le monde – militairement, économiquement, diplomatiquement », a affirmé M. Blinken, interrogé sur les intentions de la Chine lors d’un forum organisé par le magazine The Atlantic.

« C’est ce que cherche [le président chinois] Xi Jinping », a-t-il ajouté.

« Dans un sens, ce n’est pas une surprise. La Chine a une histoire extraordinaire. Je pense que si vous regardez et écoutez les dirigeants chinois, ils cherchent à retrouver ce qu’ils croient être leur place légitime dans le monde », a-t-il encore dit.

L’administration Biden, tout en se disant lucide sur la Chine et en intensifiant la pression, cherche dans le même temps à maintenir le dialogue avec Pékin afin de gérer les tensions entre les deux géants de façon « responsable ».

Antony Blinken a d’ailleurs effectué une rare visite à Pékin en juin.  

Mais les tensions restent vives notamment à propos de Taïwan, que le gouvernement chinois considère comme une partie de son territoire.

Les enjeux sont « extraordinairement élevés », a relevé M. Blinken, en citant le rôle de l’île dans l’économie mondiale, notamment en tant que plaque tournante pour les semi-conducteurs de pointe.

« S’il devait y avoir une crise à propos de Taïwan précipitée par les actions de la Chine, il y aurait une crise économique mondiale », a averti le secrétaire d’État américain, appelant Pékin à cesser de tenter de changer le statu quo.

« Nous voulons – tout le monde veut – la paix et la stabilité et tout le monde veut que le statu quo soit préservé », a-t-il dit.

Des milliards de dollars pour propager de la désinformation

La Chine dépense des milliards de dollars pour propager de la désinformation à travers le monde, ce qui menace de limiter la liberté d’expression sur la planète, selon un rapport du département d’État américain publié jeudi.

« La manipulation internationale de l’information [par la Chine] n’est pas uniquement une question de diplomatie publique, mais constitue un défi pour l’intégrité de l’espace international de l’information », dit le rapport.

Cette « manipulation » englobe « la propagande, la désinformation et la censure », relève la diplomatie américaine.

« Si rien n’est fait, les efforts de la République populaire de Chine vont remodeler le paysage mondial de l’information, créant des biais et des lacunes qui pourraient même conduire les nations à prendre des décisions qui subordonnent leurs intérêts économiques et sécuritaires à ceux de Pékin ».

Le rapport publié par le GEC, une cellule dédiée à la lutte contre la désinformation au sein du département d’État, ajoute que Pékin consacre des milliards de dollars chaque année au titre de ces opérations de « manipulation de l’information à l’étranger ».

Parallèlement, la Chine fait disparaître les informations critiques qui prennent le contrepied de ses éléments de langage sur les sujets délicats comme Taïwan, les droits de la personne et son économie en berne.

« Quand on regarde les pièces du puzzle et qu’on le reconstitue, on constate une ambition stupéfiante de la part de la Chine visant à chercher à dominer l’information dans des régions clés du globe », a déclaré à la presse James Rubin, coordinateur du GEC.

Selon le document, la Chine manipule l’information notamment en faisant la promotion « de l’autoritarisme numérique », en exploitant les organisations internationales et en contrôlant les médias en langue chinoise.

Ces tactiques pourraient permettre à Pékin de « remodeler l’environnement de l’information dans le monde ».