Fort de sa récente victoire aux primaires en Argentine, l’économiste d’extrême droite pourrait devenir le prochain président de son pays.

Nom

Javier Milei.

Âge

52 ans.

Signes distinctifs

Blousons de cuir, favoris, coupe de rockeur.

Fonction

Ancien économiste et commentateur télé. Député depuis 2021. Chef du parti Libertad Avanza. Candidat fulgurant à la présidentielle en Argentine, prévue le 22 octobre.

Pourquoi on en parle

Javier Milei a causé une commotion dimanche dernier en Argentine en remportant la primaire nationale. Ce scrutin vise à présélectionner tous les candidats de tous les partis, en vue de l’élection officielle. Il donne habituellement une bonne indication de ce qui est à venir. Les médias argentins ont comparé sa victoire à un « tremblement de terre politique ».

Sorti de nulle part

Les sondeurs ne l’avaient pas vu venir. Les experts ne l’avaient pas vu venir. Ses adversaires non plus. Milei a remporté plus de 30 % des votes, coiffant au poteau les deux favoris, la conservatrice Patricia Bullrich (28 %) et le candidat de centre gauche Sergio Massa (27,24 %). Le tout sans structure partisane et sans ancrages locaux.

Ce que nous dit ce résultat

Les Argentins sont en colère. Le pays est aux prises avec une hyperinflation frisant bon an mal an les 115 %. La pauvreté est chronique. La corruption aussi. Les candidats habituels semblent à court de solutions. Populiste anti-establishment, Milei est un peu le Donald Trump argentin. Il canalise la frustration ambiante en dénonçant une « classe politique inutile, voleuse et parasite ». Un discours qui résonne vu le contexte. « C’est un vote de protestation, un doigt d’honneur aux partis qui gouvernent l’Argentine depuis 20 ans, résume Manuel Balán, professeur de sciences politiques de l’Université McGill. Le message que ça envoie est : Vous ne faites pas le boulot. Quelque chose doit se passer. Même si c’est avec ce mec un peu fou. »

Un programme radical

Javier Milei est d’extrême droite, dans le sens le plus libertarien du terme. Il se décrit quant à lui comme un anarchocapitaliste. Il veut réduire le rôle de l’État dans tous les secteurs. Abolir un certain nombre de ministères. Privatiser le secteur de la recherche. Introduire le dollar américain en Argentine. Fermer la banque centrale argentine pour mieux rembourser la dette nationale. Il soutient d’autres idées plus controversées, comme la légalisation du port d’armes et… la vente d’organes humains. « C’est assez extrême. Mais ce n’est que de la rhétorique », nuance M. Balán.

Le personnage

Excentrique obsédé par son image, Javier Milei vit avec cinq immenses chiens – des mastiffs – qu’il a baptisés d’après Conan le Barbare et les économistes ultra-libertariens qui l’ont inspiré (Murray Rothbard, Milton Friedman, Robert Lucas). Il prétend consulter – par le truchement d’un médium – ses amis à quatre pattes pour ses décisions politiques. Et se présente comme un ancien moniteur de tantra adepte de l’amour libre.

Des pronostics

Avec sa victoire aux primaires, Javier Milei devient un sérieux aspirant à la présidentielle d’octobre et pourrait forcer la tenue d’un second tour. Mais selon Manuel Balán, il serait surprenant que l’excentrique candidat puisse l’emporter, considérant son relatif isolement politique. « Il amène des idées folles pour animer le débat et élargir le spectre des possibilités. Mais s’il est élu, il gouvernerait sans l’appui du Congrès et il aurait zéro gouverneur en poste dans les provinces. Il est dangereux, mais franchement, je ne sais pas quel programme il pourrait réussir à implanter… »