(New York) Les huit milliards d’habitants de la Terre célébraient dimanche le passage à 2023, laissant derrière eux une année mouvementée entre la guerre en Ukraine, l’inflation, le sacre de Messi et la disparition de figures comme la reine Élisabeth, Pelé ou l’ancien pape Benoît XVI.

Après plusieurs années marquées par la pandémie de COVID-19, un virus toujours présent même s’il est progressivement oublié, l’adieu à 2022 a offert à beaucoup une occasion festive.  

À New York, des confettis sont tombés sur la foule réunie à Times Square pour le lâcher de ballons, traditionnel depuis 1907.  

Des visiteurs du monde entier ont attendu plusieurs heures sous une pluie glaciale pour participer.  

À Rio de Janeiro, la foule a rempli la plage de Copacabana – jusqu’à deux millions de personnes étaient attendues – pour des festivités sans règles sanitaires, avant l’intronisation du nouveau président, le revenant Lula.

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Feux d’artifice sur la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro

On a « l’espoir d’un nouveau gouvernement qui se préoccupe plus de la santé des personnes », a déclaré Ana Carolina Rodrigues, vêtue de blanc comme c’est la tradition à Rio pour le Nouvel An.

Les célébrations ont cependant été endeuillées en Ouganda, où au moins neuf personnes sont mortes lors d’une bousculade dans un centre commercial de la capitale Kampala, après un feu d’artifice à l’extérieur de l’enceinte.

À l’autre bout du monde, Sydney a été l’une des premières grandes villes à sonner le passage en 2023 avec un festival pyrotechnique et un optimisme renouvelé.

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Sydney a été l'une des premières grandes villes à accueillir 2023.

De quoi trancher avec le sentiment laissé par 2022, qui a également vu disparaître Mikhail Gorbatchev, Jiang Zemin et Shinzo Abe.

Les derniers jours de l’année ont vu partir deux papes bien différents : jeudi celui du soccer, le Brésilien Pelé, et samedi l’ancien chef de l’Église catholique Benoît XVI.

À Marktl (Sud de l’Allemagne), le village natal du « pape bavarois », l’ambiance n’était pas à fêter la nouvelle année. Un drapeau arborant un ruban noir flotte devant la mairie, sous le regard d’admirateurs aux yeux humides.  

La fête contre la guerre

L’année 2022 a légué son quota de défis à 2023 : le réchauffement climatique ne s’est pas inversé, la croissance de la population mondiale non plus.  

Elle a aussi rimé avec le départ de nombreux salariés de leur emploi après la pandémie et le krach du marché des cryptomonnaies.

Mais par-dessus tout, elle sera à jamais associée au retour de la guerre en Europe avec l’invasion russe en Ukraine.

Une nouvelle série d’explosions a retenti dans le ciel de Kyiv moins d’une heure après le passage à l’année 2023.

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On pouvait encore voir les traces des explosions dans le ciel de Kyiv dimanche, dans les petites heures du matin.

En plus de 300 jours, près de 7000 civils ont été tués et 10 000 blessés, selon le bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies.  

Seize millions d’Ukrainiens ont fui leurs foyers. Pour ceux qui restent, le quotidien est rythmé par les coupures de courant, les bombardements russes et le couvre-feu.  

Certains avaient l’intention de marquer le Nouvel An par de paisibles prières à la bougie, d’autres de faire la fête toute la nuit en signe de détermination collective.

Le cinéaste Yaroslav Mutenko, 23 ans, a assuré que l’obus qui a touché l’hôtel près de son appartement à Kyiv ne l’empêcherait pas d’aller faire la fête chez un ami.

La Russie de Vladimir Poutine n’avait pas la tête à s’amuser. Moscou a annulé ses traditionnels spectacles pyrotechniques après que le maire de la ville, Sergueï Sobianine, a demandé aux habitants comment ils aimeraient fêter la nouvelle année.  

Vœu d’un « ciel paisible »

« Un ciel paisible au-dessus de nos têtes », voilà le seul souhait des Moscovites comme Irina Shapovalova, 51 ans, employée de crèche.

« La justesse morale et historique est de notre côté », a assuré Poutine dans ses vœux. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est lui déclaré « sûr » de « gagner cette guerre ».

En France, le président Emmanuel Macron a profité de son allocution du Nouvel An pour renouveler son soutien à Kyiv, « jusqu’à la victoire ».  

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Rassemblement aux Champs-Élysées

Avant que les Champs-Élysées, dans la capitale parisienne, ne retrouvent la normalité, leur éclat et une foule des grands soirs avec environ un million de fêtards, selon la police, venus profiter d’un spectacle musical et pyrotechnique.

« On est là pour l’ambiance, passer du bon temps, être ensemble. Et c’est beau ! », a dit Ilyès Hachelef, 19 ans.  

À Londres, le traditionnel feu d’artifice de la Saint-Sylvestre, le premier depuis la pandémie, a rassemblé quelque 100 000 spectateurs munis de billets pour le spectacle, lors duquel un hommage à Élisabeth II a été rendu.

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Un spectacle de lumière à l’effigie du roi Charles III

Des drones ont formé une couronne ainsi qu’une pièce de monnaie faisant figurer le visage de la défunte souveraine avant de faire apparaître celui de l’actuel roi, son fils Charles III.

En Croatie, on accueillait avec un sentiment mitigé l’entrée du pays dans l’espace Schengen et la zone euro, avec la crainte d’une envolée des prix, mais des perspectives touristiques encore meilleures.  

Devant la Puerta del Sol de Madrid, des milliers de personnes ont croqué 12 grains de raisin pour marquer les 12 dernières secondes de 2022. Un rite observé par la majorité des Espagnols.

Au Moyen-Orient, le Burj Khalifa de Dubaï, plus haut building du monde (830 mètres), s’est illuminé sous les feux d’artifice appelant à « s’enlacer à nouveau ».

Retour fracassant de la COVID-19

Mais en Chine, la COVID-19 a fait un retour fracassant, pendant que la vaccination permet au reste du monde de retrouver un semblant de vie normale.

Pékin a abandonné soudainement sa politique du « zéro COVID-19 » début décembre, un revirement immédiatement suivi par une explosion du nombre de contaminations.  

Le président Xi Jinping a toutefois lancé une note optimiste : « La lumière de l’espoir est devant nous ».

Taïwan a tendu un rameau d’olivier en offrant dimanche son aide à la Chine, pour lutter contre la recrudescence de l’épidémie.  

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré une importante foule à l’entrée des bars et des boîtes de nuit à Pékin, pendant que des groupes de jeunes, masqués, festoyaient sur le front de mer à Shanghai.

À Wuhan, où la pandémie a commencé il y a trois ans, beaucoup étaient rassemblés sur la place centrale pour un lâcher de ballons, sur le gong de minuit.