(Taipei) Taïwan et les États-Unis ont annoncé jeudi le début de négociations commerciales au début de l’automne, alors qu’un haut diplomate américain a prévenu que Pékin continuerait à faire pression sur l’île démocratique qu’il revendique.

Ces discussions s’inscrivent dans le cadre d’une initiative annoncée en juin et qui a déjà donné lieu à une première rencontre le même mois.

Les pourparlers couvriront une grande diversité de sujets, comme l’agriculture, le commerce électronique et la levée des barrières commerciales, a précisé le bureau de la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, dans un communiqué.

Un accord commercial « renforcera les échanges et l’investissement », et « promouvra l’innovation et une croissance économique inclusive pour nos travailleurs et nos entreprises », a déclaré Sarah Bianchi, adjointe à la représentante américaine au Commerce.

« Nous saluons cette opportunité d’approfondir la collaboration économique entre nos deux pays épris de liberté tout en façonnant un nouveau modèle de coopération commerciale dans l’Indo-Pacifique », a tweeté le ministère des Affaires étrangères de Taïwan.

Taïwan et les États-Unis sont déjà des partenaires commerciaux importants. L’île est aussi un fournisseur mondial indispensable de semi-conducteurs, nécessaires notamment dans les téléphones mobiles, les ordinateurs, les voitures et les missiles.

Mais le plus grand partenaire commercial de Taipei reste Pékin qui a réagi en « s’opposant fermement » aux négociations.

« La Chine s’est toujours opposée à tout échange officiel entre un pays et la région chinoise de Taïwan », a déclaré jeudi à la presse la porte-parole du ministère chinois du Commerce, Shu Jueting, ajoutant que cette question concernait les relations sino-américaines.

« Coercition »

L’an dernier, 42 % des exportations de Taïwan sont allées vers la Chine et Hong Kong, contre 15 % en direction des États-Unis.

Pékin considère Taïwan comme son territoire et s’est promis de le reprendre, par la force si nécessaire.

De son côté, Washington reconnaît le régime de Pékin et non celui de Taipei, mais maintient des relations de facto avec Taïwan.

Taipei et Washington sont déjà liés, depuis 1994, par un « cadre » relatif au commerce et aux investissements, qui n’est pas un accord formel.

Washington refuse de changer de position sur Taïwan et accuse Pékin de menacer la paix en instrumentalisant la visite sur l’île début août de la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi.

Les autorités chinoises ont considéré comme une provocation la visite de la chef de file démocrate à la Chambre des représentants et répondu par des sanctions commerciales imposées à Taïwan ainsi que des manœuvres militaires près de l’île.

Un haut diplomate américain a dit jeudi s’attendre à ce que Pékin renforce dans les « semaines et mois » à venir sa « coercition » militaire, économique et diplomatique sur Taïwan.

« Si notre politique n’a pas changé, ce qui a changé, c’est la coercition croissante de Pékin », a déclaré Daniel Kritenbrink, responsable pour l’Asie de l’Est au département d’État, lors d’une téléconférence avec les journalistes.

Les exercices militaires chinois « participent à une campagne intense de coercition […] pour intimider et contraindre Taïwan et saper sa résilience », a analysé M. Kritenbrink.

Le diplomate américain a assuré que Washington répondrait avec des « mesures calmes, mais résolues » pour maintenir le détroit de Taïwan ouvert.

Lors de ses manœuvres, l’armée chinoise a tiré plusieurs missiles balistiques dans les eaux de Taïwan. Pékin n’avait pas fait une telle démonstration de force depuis le milieu des années 1990.

De son côté, Taïwan a présenté mercredi son avion de chasse le plus avancé lors d’une rare démonstration nocturne.

« Face à la menace des récents exercices militaires des forces communistes chinoises, nous sommes restés vigilants tout en établissant le concept de “champs de bataille en tout lieu et d’entraînement à tout moment” […] pour assurer la sécurité nationale », a déclaré l’armée de l’air taïwanaise dans un communiqué.