(Washington) Le président américain Joe Biden et son homologue mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador se sont entretenus par visioconférence vendredi pour discuter des flux d’immigration « sans précédent » à la frontière des deux pays, un casse-tête pour l’administration américaine avant les élections de mi-mandat.

L’appel a duré un peu plus de 50 minutes, selon la Maison-Blanche. Les dirigeants ont abordé les relations complexes entre les deux pays voisins, liés de manière inextricable pour ce qui est du commerce, mais aussi des migrations légales comme illégales et du trafic de stupéfiants.

« Une grande partie de la conversation a porté sur les migrations et sur le travail continu de coordination, de coordination économique, et sur quelles mesures prendre pour réduire l’immigration le long de la frontière », a affirmé après l’appel la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki.

« Compte tenu des flux sans précédent de migrants de tout l’hémisphère vers nos deux pays, les présidents ont réitéré la nécessité de construire des outils plus solides pour gérer les poussées migratoires régionales », a indiqué dans la soirée la Maison-Blanche dans un communiqué.

« À cette fin, ils ont convenu de renforcer notre collaboration pour soutenir des efforts justes, humains et efficaces pour réduire la migration irrégulière », a ajouté l’exécutif américain.

La Maison-Blanche assure que Joe Biden veut mettre en avant son désir de coopérer avec le président Lopez Obrador, en contraste, selon elle, avec l’approche peu amène de Donald Trump.

« Au cours de l’année passée, nous avons travaillé très dur pour reconstruire la relation bilatérale », a déclaré un haut responsable américain à la presse, sous couvert d’anonymat.

Et selon Jen Psaki, « le ton de l’appel était très constructif ».

« Ce n’était pas un appel où le président Biden menaçait le président mexicain de quelque manière que ce soit », a-t-elle affirmé.

« Défis monumentaux »

Avec le spectre d’une défaite aux législatives de mi-mandat planant au-dessus des démocrates, la question de l’immigration illégale était au sommet de l’agenda des discussions.

Selon le haut responsable américain, des « défis monumentaux » à travers le monde-allant de la crise climatique à la guerre en Ukraine, en passant par l’insécurité alimentaire — sont à l’origine de « niveaux de migration sans précédent ».

À l’issue de la rencontre, le président mexicain a indiqué sur Twitter que son ministre des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, se rendrait lundi à Washington « pour avancer sur des sujets de coopération pour le développement et sur le sommet des Amériques » qui doit réunir en juin à Los Angeles les pays du continent américain.

Le président mexicain doit lui-même se rendre du 5 au 9 mai en Amérique centrale et à Cuba, avec des étapes dans les trois pays d’où partent des caravanes de migrants (Guatemala, Salvador, Honduras).

Ce déplacement est assez exceptionnel pour un président qui a peu voyagé à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir fin 2018. M. Lopez Obrador a effectué trois visites aux États-Unis.

La situation déjà compliquée à la frontière américano-mexicaine a été remise au centre de l’attention récemment avec la volonté annoncée de Joe Biden de mettre fin au « Title 42 », un dispositif lié à la COVID-19 qui permet depuis deux ans l’expulsion immédiate des migrants arrêtés à la frontière.

Les opposants à ce dispositif considèrent qu’il n’est plus justifié, mais les républicains et certains démocrates prédisent que sa suppression entraînera un afflux incontrôlé à la frontière.  

Sans même que ces restrictions soient levées, la police américaine aux frontières a interpellé en moyenne 7800 migrants sans papiers chaque jour au cours des trois dernières semaines, près de cinq fois plus que la moyenne de 1600 migrants enregistrée entre 2014 et 2019, avant la pandémie.

Les deux bords politiques à Washington s’accordent pour dire qu’il existe un problème.

La Maison-Blanche parle d’un système d’immigration « défaillant » que le Congrès doit réparer, tandis que les républicains accusent M. Biden d’échouer à protéger la frontière sud du pays.