(Paris) Le président français Emmanuel Macron tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz n’ont pas repris mercredi le terme « génocide » utilisé la veille par leur homologue américain Joe Biden pour en accuser le président russe Vladimir Poutine en Ukraine.

Le président français a remis en doute l’utilité d’une « escalade des mots » pour mettre fin à la guerre, estimant qu’il fallait « rester prudent » sur leur utilisation.

« Je dirais que la Russie a déclenché d’une manière unilatérale une guerre brutale, qu’il est maintenant établi que des crimes de guerre ont été faits par l’armée russe et qu’il faut maintenant en trouver les responsables », a-t-il expliqué sur la chaîne publique française France 2.  

« C’est une folie ce qui est en train de se passer, c’est d’une brutalité inouïe […], mais je regarde en même temps les faits et je veux essayer au maximum de continuer à pouvoir arrêter cette guerre et à rebâtir la paix, donc je ne suis pas sûr que l’escalade des mots serve la cause », a-t-il ajouté.

Une position partagée par son homologue allemand Olaf Scholz qui s’est contenté de parler de « crimes de guerre ».

« C’est une guerre terrible à l’est de l’Europe. Et je pense que c’est cela qu’il ne faut pas minimiser. C’est une guerre terrible et des crimes de guerre sont commis », a affirmé le chancelier à la radio allemande RBB.

Il a également précisé qu’il ne comptait pas se rendre prochainement en Ukraine, où il s’était rendu avant l’invasion russe de fin février, en justifiant qu’il échangeait régulièrement avec le président Volodymyr Zelensky.

La position de M. Macron de ne pas employer le terme de « génocide » a fait réagir dans la journée le porte-parole de la diplomatie ukrainienne, Oleg Nikolenko, qui l’avait jugée « décevante ».

« La réticence du président français Emmanuel Macron à reconnaître le génocide des Ukrainiens […] est décevante », a-t-il affirmé à l’agence de presse Interfax-Ukraïna.

M. Nikolenko a également reproché au président français d’avoir affirmé que les Ukrainiens et les Russes sont des peuples frères, estimant que ce « mythe a commencé à s’effriter en 2014 » et qu’il n’y avait « plus aucune raison morale ou réelle de parler de liens fraternels » entre Russes et Ukrainiens.

Mardi, Joe Biden avait pour la première fois accusé Vladimir Poutine de mener un « génocide » en Ukraine, mot jusque-là employé par le chef d’État ukrainien Volodymyr Zelensky, mais jamais par l’administration américaine.

« Il est de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d’effacer l’idée même de pouvoir être un Ukrainien », a développé le président américain. Si « les avocats, au niveau international », trancheront sur la qualification de génocide, « pour moi, cela y ressemble bien ».

Le président ukrainien a salué les « vrais mots d’un vrai leader », car « appeler les choses par leur nom est essentiel pour s’opposer au mal ».