(Zaporijjia) Marioupol a « dépassé le stade de la catastrophe humanitaire », a affirmé mardi à l’AFP le maire de cette ville du sud-est de l’Ukraine assiégée par l’armée russe, qualifiant d’« invivable » la situation des quelque 120 000 habitants toujours sur place.

« Nous avons dépassé le stade de la catastrophe humanitaire parce que depuis plus de 30 jours, les gens n’ont plus ni chauffage, ni eau, ni rien », a déclaré Vadim Boïtchenko à l’AFP à Zaporijjia (centre), par visioconférence pour raison de sécurité bien qu’il se trouve dans cette ville située à plus de 200 km au nord-ouest de Marioupol.

« Nous estimons à environ 120 000 le nombre d’habitants encore à Marioupol », a-t-il indiqué.

« Il est donc très important de tous les évacuer, leur situation n’est pas dangereuse, elle est invivable. Nous essayons de nous coordonner avec différents partenaires pour faire sortir toute la population de Marioupol », a précisé le maire.

« Il est très difficile pour nous de combattre la propagande du gouvernement et l’armée russes », a-t-il dit par ailleurs, dénonçant une tentative de « discréditer » les autorités ukrainiennes auprès de ses concitoyens.

« Ils essayent de faire croire à la population qu’elle a été abandonnée et que le gouvernement ne fait rien pour la sauver, lui envoyer de l’aide ou tenter de l’évacuer. Ils ont isolé et encerclé la ville avec leurs troupes et les habitants sont coupés des informations de notre gouvernement, ils n’ont plus de connexion internet », a souligné M. Boïtchenko.

Depuis le 13 mars, « nous avons évacué plus de 100 000 habitants de Marioupol et nous continuons à le faire », a-t-il ajouté.

Une équipe du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), arrêtée lundi par la police dans une zone contrôlée par les troupes russes à l’ouest de Marioupol, « a été libérée dans la nuit », a indiqué par ailleurs mardi un porte-parole du CICR.

Cette équipe tente depuis vendredi de rejoindre Marioupol, pour faciliter les évacuations des civils.

La ville est détruite « à 90 % » et « 40 % de ses infrastructures » sont « irrécupérables », avait déclaré lundi Vadim Boïtchenko au cours d’une conférence de presse.