À compter d’aujourd’hui, La Presse utilisera le nom Kyiv plutôt que Kiev dans ses textes, cartes et graphiques.

Par un effet d’usage qui n’avait, hélas, pas été remis en question ces dernières années, la capitale ukrainienne est communément appelée Kiev dans la plupart des médias occidentaux. Et ce, malgré les changements géopolitiques qui auraient dû nous inciter à revoir cette habitude.

Kiev est en effet l’appellation russe, qui colle à la ville en raison de son passé russe, puis soviétique.

Mais l’invasion russe jette une lumière crue sur cet usage dépassé depuis l’indépendance du pays en 1991, et l’abandon officiel quatre ans plus tard de ce nom d’origine russe pour lui privilégier plutôt le nom ukrainien, Kyiv (ou Kyïv).

La reconnaissance de l’ONU a suivi en 2012.

Pour toutes sortes de raisons bonnes (La Presse n’est pas un journal de combat et suit les usages plutôt que de les imposer) et mauvaises (les textes d’agence que nous recevons et publions privilégient Kiev), nous n’avions pas encore adopté ce changement de terminologie.

Dès vendredi dernier, la conseillère linguistique de La Presse, Lucie Côté, a lancé la réflexion sur l’emploi des noms Kiev, Kharkov et Lvov. L’utilisation largement répandue des noms russes dans les cartes et graphiques de certaines agences a compliqué la chose et ralenti ce changement, si bien que nous utilisions toujours hier cette toponymie.

Une situation qui a déplu à plusieurs de nos lecteurs, avec raison. « Chaque fois que les Ukrainiens voient “Kiev” dans vos textes, ils ont la chair de poule dans un contexte où leurs compatriotes luttent pour protéger leurs droits en Ukraine », nous a par exemple écrit Yury Monczak.

Le choix de privilégier Kyiv (ainsi que Kharkiv et Lviv) peut donc être vu comme un appui à un pays démocratique visé par une invasion barbare, mais il vise d’abord à normaliser une situation que cette crise nous force à considérer, quoique tardivement, nous le reconnaissons.

François Cardinal, éditeur adjoint