(Moscou) Vladimir Poutine a obtenu vendredi le soutien de la Chine de Xi Jinping dans le bras de fer qui l’oppose aux Occidentaux au sujet de l’Ukraine, les Européens intensifiant pour leur part les efforts diplomatiques pour éviter une guerre.

Le Kremlin a confirmé attendre le président français Emmanuel Macron lundi et le chancelier allemand Olaf Scholz le 15 février pour des pourparlers avec le président russe. M. Macron se rendra également mardi en Ukraine et M. Scholz y est attendu le 14 février.

En visite à Pékin juste avant l’ouverture des JO, M. Poutine a pour sa part plaidé avec son partenaire chinois dans une déclaration commune pour une « nouvelle ère » dans les relations internationales et la fin de l’hégémonisme américain.

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Depuis 2013, Vladimir Poutine et Xi Jinping « se sont rencontrés à environ trente reprises dans diverses occasions, ce qui est rare dans la diplomatie mondiale », écrivait jeudi le média d’État chinois Global Times. « Les deux ont vécu quelques moments intimes avec de la vodka, du caviar et de la glace russe, en célébrant leurs anniversaires respectifs ».

Dans ce document, les deux pays aux relations toujours plus tendues avec Washington dénoncent le rôle des alliances militaires occidentales, l’OTAN et l’AUKUS (Australie, Royaume-Uni et États-Unis), les jugeant destructrices pour la « stabilité et une paix équitable » dans le monde.

Ils se disent « opposés à tout élargissement futur de l’OTAN », faisant écho à l’exigence principale de Moscou pour parvenir à une désescalade des tensions autour de l’Ukraine.

Les Occidentaux accusent la Russie d’avoir déployé des dizaines de milliers de soldats depuis des mois aux frontières de l’Ukraine, y voyant le signe d’une opération militaire d’envergure à venir.

La Russie, qui dément tout projet en ce sens, dit en retour se sentir menacée par l’Alliance atlantique et réclame pour faire baisser les tensions la fin de sa politique d’élargissement et son retrait d’Europe de l’Est. Une demande jugée inacceptable par les Européens et les Américains.

Moscou et Pékin se rangent derrière le concept de « l’indivisibilité de la sécurité », sur lequel le Kremlin se fonde pour réclamer un départ de l’OTAN de son voisinage, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque État, et donc de l’Ukraine, à choisir ses alliances.

Vendredi soir, les premiers soldats américains, sur les 3000 annoncés en renfort par le président Joe Biden cette semaine, sont arrivés en Allemagne, sur la base militaire de Wiesbaden (ouest).

« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos alliés allemands pour préparer le terrain pour ce déploiement, et nous apprécions leur soutien », a affirmé à l’AFP un porte-parole de l’armée américaine en Europe.

Ballet diplomatique

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a proposé sa médiation dans la crise ukrainienne et était à Kiev jeudi, a lui accusé vendredi les Occidentaux « d’empirer les choses » entre la Russie et l’Ukraine.

Les échanges russo-américains au vitriol continuent par ailleurs de s’enchaîner. Washington a assuré — sans présenter de preuves — que Moscou voulait préparer une vidéo d’une fausse attaque pour avoir un prétexte pour envahir l’Ukraine.

Le Kremlin a balayé ces accusations, exhortant à « ne pas croire sur parole » les autorités américaines. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé des allégations « délirantes ».

Les Européens ont de leur côté accentué les efforts diplomatiques pour éviter une guerre sur le flanc oriental de l’UE.

Les visites de MM. Macron et Scholz en Russie comme en Ukraine s’inscrivent dans cette optique, la France et l’Allemagne étant les deux médiateurs du conflit entre Ukrainiens et séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

« De nombreux sujets sont à l’ordre du jour. Avant tout, il y aura des discussions sur les garanties de sécurité » exigées par Moscou, a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au sujet de la visite de M. Macron.

L’Ukraine s’est pour sa part dite satisfaite vendredi du soutien occidental, qui a selon elle permis de mettre en échec « la stratégie d’intimidation » des derniers mois de Moscou.

De son côté, le ministère russe de la Défense a publié des vidéos d’impressionnantes manœuvres militaires en Biélorussie, un voisin de l’Ukraine et allié de la Russie, impliquant chars et avions de combat.  

Ces exercices en plusieurs étapes doivent durer jusqu’au 20 février, et Washington a estimé qu’ils aggravaient les tensions dans la région, jugeant que le Kremlin préparaient l’envoi de 30 000 hommes en Biélorussie.