(Berlin) La direction de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi être inquiète devant la possibilité de voir les variants Delta et Omicron provoquer un « tsunami » d’infections. Elle demeure tout de même optimiste que le monde pourra mettre derrière lui le pire de la pandémie en 2022.

Deux ans après que le premier cas du nouveau coronavirus a fait son apparition, les dirigeants de l’agence de la santé des Nations unies préviennent qu’il est encore trop tôt pour se dire rassurés par les données préliminaires selon lesquelles le variant Omicron entraînerait une maladie moins sévère. Détecté pour la première fois le mois dernier, en Afrique du Sud, Omicron est déjà la souche dominante parmi les nouveaux cas aux États-Unis et dans plusieurs parties de l’Europe.

Et comme 92 des 194 États membres de l’OMS ont raté leur cible de vacciner 40 % de leur population avant la fin de l’année, le directeur-général Tedros Adhanom Ghebreyesus a exhorté tous les pays à prendre comme résolution du Nouvel An de vacciner 70 % de leur population d’ici juillet.

Selon les données de l’OMS, le nombre de nouveaux cas rapportés à travers le monde a bondi de 11 % la semaine dernière par rapport à la semaine précédente.

L’Europe a enregistré plus de la moitié des nouvelles infections avec 4,99 millions de cas, en hausse de 3 %. L’Amérique, du nord au sud, a connu une explosion de cas avec une hausse de 39 %. Dans le cas de l’Afrique, c’est une hausse de 7 % qui a été observée.

« Je suis très inquiet qu’Omicron, étant plus contagieux (et) circulant en même temps que Delta, mène à un tsunami de cas », a affirmé le Dr Tedros lors d’une conférence de presse virtuelle. Cela ajouterait « une immense pression sur les travailleurs de la santé épuisés et sur les systèmes de santé au bord de l’effondrement », a-t-il poursuivi.

Dans son plus récent rapport épidémiologique hebdomadaire, l’OMS maintient que le « risque général » lié à Omicron « demeure très élevé ». Elle cite des « preuves sérieuses » selon lesquelles ce nouveau variant se répand beaucoup plus vite que son prédécesseur Delta.

L’OMS note également un ralentissement de la propagation du virus en Afrique du Sud et que des données préliminaires en provenance du Royaume-Uni et du Danemark laissent croire à un risque réduit d’hospitalisation. Toutefois, il faudra plus de données avant de tirer des conclusions.

Le directeur général chargé de la gestion des situations d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan, insiste sur l’importance de demeurer prudent face aux observations préliminaires. Le Dr Ryan soutient qu’il est important de « limiter au minimum possible la transmission des deux variants » au cours des prochaines semaines.

L’expert explique que les cas d’Omicron ont commencé à circuler chez les jeunes d’abord et qu’on ne sait pas vraiment comment il peut se comporter dans la population générale. Le Dr Ryan admet être mal à l’aise de faire des prédictions optimistes avant de voir comment la protection vaccinale sera efficace chez les personnes âgées ou vulnérables.

L’OMS n’a pas voulu commenter les décisions des États-Unis et d’autres États, où la période d’isolement obligatoire a été réduite. Aux dires du Dr Ryan, les pays font des choix basés sur plusieurs facteurs et la période moyenne d’incubation se situe entre cinq et six jours.

« Il faut être prudent devant les changements de stratégie à ce moment-ci en raison de ce qu’on observe », a-t-il soutenu en parlant évidemment de la montée en force du variant Omicron.

Par ailleurs, le Dr Tedros a réitéré que le principal enjeu pour mettre fin à la pandémie est de mettre fin à l’iniquité mondiale. Il a déclaré que la cible ratée de vacciner 40 % des populations cette année « n’est pas seulement une honte morale, mais que cela a coûté des vies et a donné toute la liberté au virus de circuler et de muter ».

De nombreux États ont raté la cible en raison du faible approvisionnement en doses chez les plus défavorisés et ensuite parce que les doses périmaient par manque de seringues, a relaté le patron de l’OMS.

Malgré tout, le Dr Tedros assure qu’il « demeure optimiste que cette année puisse être celle où l’on peut non seulement sortir de la phase aiguë de la pandémie, mais où l’on peut aussi paver la voie vers une sécurité sanitaire renforcée ».