(Nantucket) « Bienvenue ! » : à peine arrivé sur l’île très huppée de Nantucket, où il fêtera Thanksgiving en famille, Joe Biden a pu constater sur les pancartes qu’il était ici en terrain conquis, un répit qu’il compte savourer après des mois de présidence mouvementée.

Cet ancien village de pêcheurs de baleines devenu un lieu de villégiature pour milliardaires accueille le président américain à bras ouverts.  

Joe Biden y trouve refuge, loin des campagnes encore pavoisées de drapeaux « TRUMP », plus d’un an après la défaite du républicain à la présidentielle.

Avec ses petites rues pavées et son architecture rustique, cette île au large de l’État américain du Massachusetts est « une forme d’échappatoire », note Matthew Parker, qui y gère un hôtel depuis plus de 30 ans.

Joe Biden et sa femme Jill y voyagent chaque année depuis plus de 40 ans pour célébrer Thanksgiving, une des fêtes les plus populaires chez les Américains, où il est de coutume d’énumérer les raisons d’être reconnaissant.

Ce jeudi, le président aura de quoi se plier à l’exercice.

Le dirigeant démocrate vient de traverser dix jours d’une rare clémence dans son mandat, marqué par un retrait chaotique d’Afghanistan et une cote de popularité qui dégringole.

La semaine dernière, il a promulgué un plan d’investissement de 1200 milliards de dollars censé réparer les routes et ponts des États-Unis, adopté au forceps par sa majorité démocrate au Congrès.  

Son parti, très hétéroclite, a aussi réussi à s’accorder pour envoyer un volet social et climatique encore plus conséquent en relecture au Sénat.

En parallèle, le dirigeant a organisé un sommet (quoique virtuel) avec le président chinois Xi Jinping, reçu ses homologues canadien et mexicain à la Maison-Blanche et… gracié deux dindes.

Son médecin a jugé le quasi octogénaire « en bonne santé » et « apte » à exercer ses prérogatives. Et sa porte-parole a réaffirmé que, contrairement aux rumeurs, il comptait bel et bien se présenter à sa réélection en 2024.

« Le plus cher »

Joe Biden fête ces nouvelles entouré d’une dizaine de ses proches, hébergé chez le milliardaire David Rubenstein, cofondateur d’un gros groupe financier, dans une résidence qui surplombe le port de Nantucket.

Ce qui n’a pas manqué d’alimenter les critiques de l’opposition républicaine qui accuse le président d’appartenir à une élite de gauche, déconnectée des réalités de la classe moyenne.

Car cette année l’inflation a fait considérablement monter la facture du repas de Thanksgiving pour les Américains : la dinde, les légumes rôtis et les tartes coûtent 14 % plus cher que l’an dernier, selon les estimations de l’American Farm Bureau Federation.

« Voici ce que les Américains doivent débourser pour leur repas de Thanksgiving – le plus cher de l’histoire – pendant que vous vous régalez les papilles chez un milliardaire à Nantucket », a fustigé Kevin McCarthy, le chef des républicains à la Chambre.

C’est ignorer que les présidents américains ont toujours préféré passer leurs vacances dans des lieux reclus et cossus, à commencer par le républicain Donald Trump.

« C’est le moment de mettre la politique de côté, de passer du temps avec vos proches et de dire ce pour quoi vous êtes reconnaissants », a balayé la porte-parole du président démocrate, Jen Psaki.

Joe Biden a jusqu’à dimanche pour souffler. Son vol retour vers Washington et les nombreuses tractations qui l’attendent durera à peine plus d’une heure.