(Téhéran) Téhéran a appelé samedi Washington à cesser de recourir systématiquement aux sanctions, et a accusé le gouvernement du président Joe Biden d’adopter une stratégie « sans issue » contre l’Iran, tout comme son prédécesseur Donald Trump.

Le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Saïd Khatibzadeh, a tenu ces propos au lendemain de l’annonce par le Trésor américain de sanctions financières contre quatre Iraniens accusés d’avoir planifié l’enlèvement, aux États-Unis, d’une journaliste américaine d’origine iranienne.

« Washington doit comprendre qu’il n’a d’autre choix que d’abandonner sa dépendance aux sanctions et de faire preuve de respect dans son vocabulaire ainsi que dans son comportement vis-à-vis de l’Iran », a déclaré M. Khatibzadeh dans un communiqué.

Discuter pour tenter de relancer l’accord international sur le nucléaire de 2015 torpillé trois ans plus tard par M. Trump est « à l’ordre du jour du gouvernement [iranien], mais pas sous [la] pression » des Occidentaux, a déclaré le président iranien Ebrahim Raïssi samedi soir dans sa première interview télévisée depuis sa prise de fonctions début août.

« À plusieurs reprises, les Américains et les Européens ont tenté de faire pression pour engager le dialogue, mais en vain », a-t-il assuré dans cet entretien diffusé par la télévision d’État.

En sortant unilatéralement les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en 2018, M. Trump a réimposé les sanctions contre la République islamique que ce texte avait permis de lever. Il en a ensuite imposé de nouvelles.

M. Biden, qui lui a succédé en janvier à la Maison-Blanche, dit vouloir réintégrer les États-Unis à ce pacte.

Les pourparlers commencés en avril à Vienne sous l’égide de l’Union européenne pour tenter de permettre ce retour, en échange d’un allégement des sanctions américaines, sont au point mort depuis la victoire de M. Raïssi, un ultraconservateur, à la présidentielle iranienne du 18 juin.

Deux ou trois mois

Fin août, le guide suprême iranien Ali Khamenei a accusé « le gouvernement américain actuel [de n’être] en rien différent du précédent », et le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a laissé entendre mardi que les discussions de Vienne ne reprendraient pas avant deux ou trois mois.

« Le dialogue est à l’ordre du jour, mais pas le dialogue pour le dialogue, ni la négociation pour la négociation », a déclaré M. Raïssi, reprenant une formule qu’il avait utilisée après son élection.

« Dans ces pourparlers, nous cherchons à obtenir la levée des sanctions oppressives […] Nous ne céderons pas sur les intérêts de la grande nation iranienne », a-t-il ajouté.  

Selon le Trésor américain, les quatre personnes ajoutées vendredi à l’une de ses listes noires sont « quatre agents des Renseignements iraniens » accusés d’avoir préparé l’enlèvement d’une journaliste irano-américaine en 2018 en essayant de forcer des proches iraniens de la journaliste à l’attirer dans un pays tiers, afin qu’elle soit arrêtée et emmenée en Iran, où elle risquait l’emprisonnement.

La justice américaine avait annoncé début juillet avoir déjoué ce complot, dont la journaliste et militante féministe Masih Alinejad, à l’origine du mouvement antivoile en Iran, a dit être la cible.

Téhéran avait alors réagi en qualifiant ces accusations d’« absurdes et sans fondement », et reproché aux États-Unis de trop aimer les « scénarios hollywoodiens ».