(Casablanca) Israël et Maroc ont convenu d’ouvrir réciproquement des ambassades dans « quelques mois », a annoncé jeudi le chef de la diplomatie israélienne au terme de sa première visite dans le royaume depuis la normalisation des relations entre les deux pays.

« Ce matin avec le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, nous avons décidé l’ouverture d’ambassades à Jérusalem et au Maroc dans quelques mois », a déclaré Yaïr Lapid lors d’une conférence presse à Casablanca (centre-ouest).  

Le Maroc a été le quatrième pays arabe — après les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan – à avoir normalisé ses relations avec Israël en 2020 sous l’impulsion des États-Unis, en contrepartie d’une reconnaissance américaine de sa « souveraineté » sur le territoire disputé du Sahara occidental.

M. Lapid a salué, à nouveau, les accords de normalisation avec des pays arabes, en indiquant que d’autres pays suivraient cette voie, sans les citer, et a annoncé l’ouverture prochaine d’une ambassade d’Israël au Bahreïn.  

Sur la question israélo-palestinienne, il a réaffirmé être favorable à la création de deux États pour résoudre le conflit, mais « ne voit pas actuellement de possibilité d’avancer sur cette voie avec les actuels dirigeants palestiniens et la structure de l’exécutif d’Israël ».

M. Bourita a, lui, indiqué avoir évoqué mercredi le conflit israélo-palestinien avec son homologue israélien, soulignant la nécessité de « reprendre les négociations » pour « parvenir à une solution sur la base de deux États ».

D’autre part, Yaïr Lapid a confié avoir abordé avec son homologue marocain leurs « inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine ».

Plus tôt dans la journée, le ministre israélien a inauguré un bureau de liaison à Rabat avant de prendre la route vers Casablanca où il a visité une des plus emblématiques synagogues de la ville Beth-El.  

La communauté juive du Maroc est la plus importante d’Afrique du Nord (environ 3000 personnes) et les quelque 700 000 Israéliens d’ascendance marocaine ont souvent gardé des liens forts avec leur pays d’origine.

Durant cette visite, une lettre du président israélien, Isaac Herzog, invitant le roi du Maroc, Mohammed VI, à se rendre en Israël a été remise au chef de la diplomatie marocaine.

L’ancien premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait également invité le monarque fin 2020, une invitation restée sans réponse officielle.

Les États-Unis ont félicité le « Maroc et Israël pour la réouverture du bureau de liaison israélien à Rabat », a écrit le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken.

Mercredi, première journée du voyage « historique » de M. Lapid, des accords portant sur la consultation politique, la culture et l’aviation ont été signés.

Les deux pays ont entretenu des relations officielles de 1993 à 2000, année du déclenchement de la seconde intifada dans les territoires palestiniens contre l’occupation israélienne.

Les Palestiniens avaient dénoncé les accords de normalisation entre Israël et des pays arabes, qualifiés de « trahison ».