(Genève) Le Comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde jeudi contre la « forte probabilité » de l’émergence de nouveaux variants du coronavirus, « possiblement plus dangereux ».

« La pandémie est loin d’être finie », notent dans un communiqué ces experts, réunis mercredi, qui conseillent le directeur général de l’OMS., ajoutant : « il y a une forte probabilité de l’émergence et de la diffusion de nouveaux variants inquiétants possiblement plus dangereux et encore plus difficiles à contrôler », que ceux déjà répertoriés par l’agence onusienne.

Les tendances récentes sont préoccupantes : 18 mois après la déclaration d’une urgence de santé publique internationale nous continuons à courir après le virus et le virus continue à courir après nous.

Dr Didier Houssin, président du Comité d’urgence de l’OMS.

Pour l’heure, l’OMS répertorie quatre variants dits inquiétants : Alpha, Beta, Gamma et Delta.

Le variant Delta se répand rapidement

Le variant Delta, répertorié d’abord en Inde, est en train de se répandre à très grande vitesse à travers le monde en provoquant une forte résurgence de la pandémie. Beaucoup plus contagieux que les autres, il se montre un peu plus résistant aux vaccins même si ceux-ci continuent à bien protéger des cas les plus graves de COVID-19 et des décès.

Le professeur Houssin a souligné que le comité faisait deux recommandations principales : défendre l’accès équitable aux vaccins et ne pas prendre d’initiatives peu justifiées scientifiquement comme une troisième dose de vaccin anti-COVID-19, proposée notamment par le groupe Pfizer/BioNTech.

Il faut « continuer à défendre inlassablement un accès équitable aux vaccins et une distribution équitable des vaccins dans le monde en encourageant le partage des doses, la production locale, la libération des droits de propriété intellectuelle, les transferts de technologie, la montée en puissance des capacités de production et bien sûr les financements nécessaires pour mettre en œuvre toutes ces activités », a énuméré le professeur Houssin, ancien directeur général de la Santé en France.

Contre la 3e dose

L’inégalité vaccinale est dénoncée depuis des mois par l’OMS, les ONG et les pays qui en sont victimes.  

Quand les États-Unis ou l’UE visent à vacciner la grande majorité de leur population dans les semaines qui viennent, les pays les plus défavorisés arrivent à peine à 1 % de leur population protégée.

Mais Didier Houssin estime aussi qu’il est « essentiel de ne pas se laisser détourner par des initiatives qui pourraient aggraver l’inéquité dans l’accès aux vaccins », en recommandant une troisième dose, « alors qu’aujourd’hui les données scientifiques ne le justifient pas véritablement, si on considère la situation au niveau mondial ».