(Paris) Les États répertorient rarement les organisations d’extrême droite néonazies ou racistes comme terroristes, ce qui permet à celles-ci d’exploiter les différences entre juridictions pour trouver des sources de financement, constate le Groupe d’action financière (GAFI) dans un rapport publié mercredi.

Ces groupes ne sont notamment pas répertoriés comme terroristes parce que « la plupart de leurs financements proviennent de sources légales », selon le document de l’organisation intergouvernementale chargée de la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et celui de la prolifération d’armes de destruction massive.

Ces groupes « deviennent de plus en plus sophistiqués dans la manière de déplacer leurs fonds (qui servent au) financement d’attaques, à l’achat d’équipement, l’entraînement, à l’édition et à la diffusion de propagande, au recrutement, à l’animation de réseaux, au paiement de frais juridiques ou encore à l’acquisition et l’entretien de propriétés immobilières ».

Extrait d’un rapport du GAFI

Groupe néonazi illégal au Canada

Parmi les exemples cités par le rapport, le groupe néonazi Atomwaffen Division, fondé aux États-Unis en 2013 et qui s’est depuis implanté notamment au Royaume-Uni, au Canada et en Allemagne, se finance principalement avec des ventes en ligne de tee-shirts ou de tasses à l’effigie de l’organisation.

(À noter que le Canada, en février dernier, a inscrit sur sa liste des entités terroristes Atomwaffen Division et trois autres groupes associés à l’extrême droite, les Proud Boys, The Base, et le Mouvement impérial russe. Il n’est pas interdit d’afficher son association à ces groupes, mais il est illégal de les financer.)

Et en dehors du champ des activités légales, « bâtir des liens avec le crime organisé permet aux groupes d’extrême droite de générer des revenus » et leur fournit des opportunités pour acquérir des biens illicites « comme des armes ou des faux documents d’identité », relève encore le GAFI.

Récemment « les restrictions liées à la COVID-19 ont eu un double effet : des évènements pour lever des fonds ont été annulés » mais l’épidémie a aussi « amené de nouvelles opportunités de recrutement », selon le document.  

Le rapport du GAFI relève par ailleurs « des liens transnationaux croissants entre groupes » d’extrême droite, et notamment entre organisations des deux côtés de l’Atlantique, ainsi que par parfois des individus qui ont perpétré des attaques terroristes.

Pour combattre ce fléau, l’organisation internationale qui regroupe 37 pays s’est fixé pour objectif « d’élever le niveau de prise de conscience du public sur le terrorisme à motivation ethnique ou raciste et son financement », d’attirer l’attention des experts de la lutte anti-blanchiment sur ce genre de terrorisme, d’identifier des caractéristiques communes aux différentes organisations et de recommander « de bonnes pratiques aux autorités compétentes ».