(Genève) Le procès du meurtre de George Floyd, « est une occasion fondatrice pour la justice » mais dont d’innombrables autres familles de victimes noires de violences policières restent privées, a dénoncé vendredi la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet.

« Dix mois après que le meurtre de George Floyd a suscité une vague d’indignation et des revendications dans le monde entier pour que les choses changent » un procès crucial débute, a rappelé Mme Bachelet devant le Conseil des droits de l’homme.

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La Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet

Mais « cette occasion fondatrice pour la justice est refusée à d’innombrables autres familles. Il y a tellement de cas impliquant la mort de personnes d’origine africaine qui n’arrive jamais au stade du procès et la douleur de tant de familles reste ignorée ou est même niée », a déclaré l’ex-présidente du Chili, dans un point sur son rapport consacré au racisme systémique qu’elle doit présenter en juin.

Le procès de Derek Chauvin, le policier blanc accusé du meurtre de l’Afro-Américain George Floyd, a démarré le 9 mars à Minneapolis. La longue asphyxie de M. Floyd sous le genou du policier a provoqué un vaste mouvement de protestation aux États-Unis et partout dans le monde.

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Le policier Derek Chauvin (à droite) et son avocat Eric Nelson

Mme Bachelet, qui n’a fait qu’allusion aux États-Unis sans jamais citer le nom du pays ou d’un autre, s’est dite « profondément inquiète de l’ampleur des défis auxquels les familles qui demandent vérité et justice se trouvent confrontées », avec peu de soutien légal, financier ou psychologique.

Mais si les violences policières envers les personnes d’origine africaine doivent cesser, « elles ne se produisent pas dans le vide », a rappelé Mme Bachelet : « à moins que nous n’adressions le racisme systémique dans toutes nos institutions, nous ne pourrons jamais “ corriger ” la police ».

Le racisme systémique demande une réponse systémique. Pour mettre fin à l’injustice raciale en matière de maintien de l’ordre, nous ne pouvons nous contenter du sommet de l’iceberg mais il nous faut nous attaquer à la masse sous la surface.

Michelle Bachelet, Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU

Pour Mme Bachelet cela signifie qu’il faut affronter l’héritage de l’esclavage, de la colonisation, des siècles de discrimination et « nous devons nous engager à porter notre regard critique loin en arrière qui seul permettra de faire un pas géant en avant ».

Elle a promis que son rapport en juin proposera un calendrier pour des mesures permettant de « démanteler le racisme systémique et les violences policières contre des Africains et des personnes de descendance africaine et d’avancer en matière de responsabilité et de justice pour les victimes ».