(Bruxelles) L’Europe a passé jeudi le cap des trois millions de cas de coronavirus, à l’heure où la progression de l’épidémie inquiète en particulier sur le continent américain, mais aussi en Asie ou en Australie, contraignant de nombreux pays à durcir les mesures sanitaires.

Au total, 627 307 personnes sont mortes de la COVID-19 dans le monde, pour plus de 15 millions d’infections, selon un bilan établi jeudi par l’AFP.

C’est sur le continent américain, particulièrement au sud, que la situation reste la plus préoccupante, le seuil des quatre millions de cas de contamination ayant été franchi en Amérique latine et aux Caraïbes où, à lui seul, le Brésil compte désormais plus de 2,2 millions de cas.

En Europe, les eurodéputés ont menacé jeudi de ne pas approuver l’accord de budget à long terme de l’Union européenne trouvé par les 27 « s’il n’était pas amélioré », alors que la région a officiellement déclaré 3 007 088 cas de COVID-19 pour 206 714 morts.

Dans une résolution soutenue par la plupart des groupes politiques et adoptée jeudi, les parlementaires européens ont « contesté » le budget européen, doté de 1074 milliards, « sous sa forme actuelle », déplorant les « coupes » prévues. Ce qui ne remet pas en cause le plan de relance inédit d’un montant de 750 milliards d’euros adopté mardi par les 27 face au coronavirus, pour lequel l’approbation du parlement n’est pas nécessaire.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a souligné qu’en additionnant le plan de relance et le budget pluriannuel, l’Europe dispose « d’une force de frappe financière sans précédent », de 1800 milliards d’euros.

L’Allemande, qui avait proposé un budget de 1100 milliards, a toutefois déploré une « ombre » au tableau : un budget de l’UE « très maigre », « une pilule difficile à avaler ». Le Parlement prônait quant à lui 1300 milliards d’euros.

Le masque s’impose

Face à la recrudescence des contaminations, le port du masque devient obligatoire dans certaines zones.

En Australie, qui avait jusqu’à présent réussi à contenir l’épidémie, l’État du Victoria (sud), dont Melbourne est la capitale, a encore enregistré jeudi 422 nouvelles contaminations.  

Les habitants de Melbourne sont tenus depuis jeudi de porter un masque. Dans la matinée, la consigne était largement suivie : « On n’a pas l’habitude de voir ça », confiait à l’AFP Zoie Dicker, une passante.

Même chose à Hong Kong mais aussi en Autriche, où le port du masque est redevenu obligatoire dans les supermarchés, les banques et les postes.

En Belgique, le masque sera obligatoire à partir de samedi sur les marchés, les brocantes et dans les rues commerçantes. Même chose dans les hôtels, les cafés et les restaurants, sauf à table.

Après de longues hésitations, l’Angleterre a elle aussi décidé de rendre le masque obligatoire dans les magasins et les supermarchés à compter de vendredi. Cette mesure ne s’appliquera toutefois pas aux pubs, ni aux restaurants et employés de supermarchés.

Aux États-Unis, qui ont de nouveau enregistré mercredi, pour la neuvième journée consécutive, plus de 60 000 nouveaux cas, le port du masque est obligatoire à Washington.  

Longtemps accusé de déni face à la pandémie, le président américain Donald Trump a récemment admis une « hausse inquiétante des cas » dans le sud et le pays a d’ores et déjà massivement précommandé un futur vaccin (100 millions de doses).

Plusieurs pays ont eux choisi de réimposer des reconfinements partiels.  

Ainsi, les quelque 10 millions d’habitants de Tokyo ont été invités à rester chez eux à partir de jeudi, premier jour d’un long week-end férié au Japon. Et la capitale nippone célébrait discrètement jeudi le début du compte à rebours avant ses Jeux olympiques, un an jour pour jour avant leur cérémonie d’ouverture, alors que la pandémie, qui a entraîné leur report, sème le doute sur leur tenue.

Croque-morts jaunes

L’Inde s’est également résignée à ordonner au Cachemire un confinement strict pendant au moins une semaine face à la résurgence du virus. Les autorités indiennes ont aussi décidé d’annuler le pèlerinage hindou annuel de l’Amarnath, une première en plus d’un siècle.

L’Afrique du Sud a enregistré une hausse de près de 60 % du nombre total de décès naturels au cours des dernières semaines, laissant les spécialistes penser que le nombre de décès liés au coronavirus est beaucoup plus élevé que n’indiquent les statistiques officielles.

Dans le 5e pays le plus touché du monde, le virus a fait table rase des rites funéraires. Les croque-morts ne sont plus en noir mais avec des tenues de protection jaune vif. Et pour les familles, ni poignée de terre rouge jetée sur le cercueil, ni fleur : elles sont tenues à distance des défunts qui sont rapidement inhumés.  

« C’était trop rapide », regrette Charles Motlhabane, qui a enterré son frère dans un cimetière de Johannesburg en moins de 30 minutes. « D’habitude, on avait une semaine entière de préparations », là ce fut « un cauchemar », soupire-t-il.

À New York, l’ONU a appelé à porter secours aux quelque trois milliards de personnes les plus pauvres de la planète, qui resteront à l’écart des plans de relance « pour les grands marchés et grandes entreprises ».