(Ottawa) Le Canada et ses alliés du G7 se sont penchés mercredi sur la façon d’aborder un monde qui connaissait déjà son lot de conflits et de menaces à la sécurité avant que ne surgisse la pandémie virale.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, s’est entretenu en visioconférence avec ses homologues du G7 pour discuter des problèmes de sécurité dans le monde liés à la crise de la COVID-19.

Leur ordre du jour, chargé, rappelle que la progression du nouveau coronavirus dans le monde ne s’est pas exactement glissée dans un entracte géopolitique.

Alors que la pandémie proliférait la semaine dernière :

— la Corée du Nord procédait à deux tirs de missiles dans la mer, irritant le Japon et la Corée du Sud ;

— la Russie et l’Arabie saoudite déclenchaient une guerre des prix du pétrole ;

— les États-Unis menaçaient de retirer 1 milliard de dollars d’aide à l’Afghanistan, embourbé dans la plus longue guerre du monde, parce que deux des candidats à la présidentielle afghane ne peuvent s’entendre sur le vainqueur de l’élection ;

— des autocrates, comme Vladimir Poutine en Russie, modifiaient la Constitution pour consolider leur emprise sur le pouvoir.

« Les plus grands défis mondiaux en matière de sécurité internationale ne se sont pas évanouis », a rappelé Fen Hampson, expert en sécurité mondiale à l’École Norman Paterson des affaires internationales de l’Université Carleton. « Lorsque de soi-disant adultes sont confinés, ceux qui font l’école buissonnière dans la cour d’école vont s’en donner à cœur joie pendant que personne ne regarde. »

D’autres menaces

M. Champagne et ses homologues des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Japon et de l’Union européenne devaient discuter « des répercussions de cette pandémie sur la paix et la sécurité internationales », indique un communiqué d’Affaires mondiales Canada. Les pourparlers portaient aussi « sur des questions importantes, notamment en ce qui concerne l’Afghanistan, la Corée du Nord, l’Irak, le Myanmar, la Syrie, ainsi que l’Ukraine et la Russie ».

« En outre, cette réunion sera l’occasion d’échanger sur des menaces qui pèsent sur la démocratie, y compris l’ingérence étrangère, le non-respect des droits de la personne et le terrorisme, ainsi que sur la protection de l’ordre international fondé sur des règles. »

C’est la France qui assurait la présidence tournante du G7 l’année dernière, mais cette présidence est désormais confiée aux États-Unis. Le président américain Donald Trump doit accueillir ses collègues du G7, y compris le premier ministre Justin Trudeau, lors d’un sommet en juin, mais il n’est pas certain que cette rencontre « en personne » se déroulera comme prévu.

« Alors que le monde est confronté à un environnement politique et sécuritaire de plus en plus complexe, aggravé par la crise sanitaire mondiale attribuable à la pandémie de la COVID-19, le Canada reste déterminé à travailler aux côtés de ses partenaires du G7 pour relever les défis mondiaux urgents et difficiles », a indiqué M. Champagne dans un communiqué.

L’attitude de Trump

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a probablement été questionné par ses homologues mercredi sur les remarques du président Trump, qui minimisait cette semaine la gravité de la pandémie aux États-Unis — il a même suggéré déjà qu’il pourrait lever l’ordonnance de confinement d’ici Pâques.

Selon le professeur Hampson, il sera très important pour les partenaires des États-Unis au G7, y compris le Canada, de rappeler aux dirigeants américains certaines vérités fondamentales en matière de santé publique — comme « ne faites rien de trop stupide trop vite ».

Bessma Momani, experte en affaires internationales à l’Université de Waterloo, rappelle de son côté qu’il est important que les grandes alliances internationales comme le G7 partagent leurs ressources et leurs renseignements à mesure que progresse la pandémie. « C’est un virus qui a prouvé que le partage d’informations, la transparence et l’action collective sont nécessaires », a-t-elle dit.

L’ordre du jour de mercredi comprenait également des discussions sur les menaces à la démocratie, y compris l’ingérence étrangère, ainsi que le terrorisme, les droits de la personne et le maintien de l’ordre mondial fondé sur l’État de droit. Selon la professeure Momani, la pandémie a en effet enhardi les extrémistes de droite et les populistes de par le monde, qui s’en servent pour amplifier leurs discours d’exclusion et de fermeture des frontières aux étrangers, responsables selon eux de la pandémie actuelle.