(Pékin) Le nouveau coronavirus a continué mercredi à s’étendre à travers le monde qui, selon un expert de l’OMS, « n’est tout simplement pas prêt à y faire face ».

L’épidémie apparue en décembre dans le centre de la Chine a déjà atteint un pic dans ce pays, où elle a contaminé quelque 78 000 personnes dont plus de 2700 sont mortes, ont indiqué mercredi les autorités chinoises.   

Elle touche de plus en plus de pays, y compris en Europe : la maladie COVID-19 concerne désormais, Chine mise à part, plus d’une trentaine d’États où elle a fait plus de 40 morts et 2500 contaminations.

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Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, de retour de Pékin, estime que le monde n’est pas prêt à faire face à l’épidémie de COVID-19. On le voit ci-haut lors d’une conférence de presse aujourd’hui au quartier général de l’OMS à Genève, en Suisse.

Le monde n’est « tout simplement pas prêt » à y faire face, a averti mardi Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, de retour de Pékin. « Vous devez être prêt à gérer cela à une plus grande échelle, et cela doit être fait rapidement », a-t-il ajouté, saluant en revanche le travail d’endiguement de la maladie réalisé par Pékin.

Les autorités sanitaires américaines ont d’ailleurs dit mardi s’attendre à une propagation de l’épidémie aux États-Unis, encourageant les écoles, les entreprises et les gouvernements locaux à envisager des mesures de précaution comme l’annulation d’événements publics. L’administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) à la lutte contre la maladie.  

Les autorités américaines craignent également que l’épidémie ne menace la chaîne d’approvisionnement en médicaments des États-Unis, car une grande partie des ingrédients utilisés dans la confection des médicaments est fabriquée en Chine, d’où le virus est parti.

En Europe, l’Italie est le pays européen le plus touché par ce virus avec plus de 300 personnes contaminées. Dix personnes y ont succombé, toutes des personnes âgées et atteintes précédemment de pathologies graves. Plusieurs médias ont annoncé une onzième victime, une femme de 76 ans en Vénétie.

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Un médecin prépare une tente de triage montée à l’extérieur de l’hôpital Santa Maria Nuova Hospital à Florence, en Italie, ce matin.

Trois nouvelles régions italiennes, la Toscane (centre), la Sicile (sud) et la Ligurie (nord-ouest) ont recensé des contaminations, a annoncé mardi la Protection civile.

Tous les pays voisins de l’Italie « se sont engagés à garder ouvertes leurs frontières car les fermer serait une erreur et disproportionnée », lors d’une réunion ministérielle à Rome entre Italie, France, Suisse, Autriche, Croatie, à laquelle étaient également présentes l’Allemagne et l’Union européenne. Ils ont aussi décidé d’« évaluer au cas par cas » l’éventuelle annulation d’événements majeurs, selon un communiqué commun.

Hôtel en quarantaine

L’Autriche a annoncé deux premiers cas de coronavirus dans la région du Tyrol, frontalière de l’Italie. Un hôtel de la ville touristique d’Innsbruck, capitale de cette région du cœur des Alpes, a été mis en quarantaine. Une réceptionniste italienne contaminée par le virus y travaillait.

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Un policier autrichien portant le masque, dans le hall du Grand Hôtel Europa, à Innsbruck, aujourd’hui. L’hôtel a été mis en quarantaine après qu’une réceptionniste ait reçu un test positif du coronavirus.

La Suisse a également annoncé un premier cas dans une région proche de l’Italie, tandis qu’en Croatie, un jeune homme revenu récemment d’Italie a été contaminé, premier cas connu dans les Balkans.

Deux nouveaux cas ont été confirmés en France, dont l’un rentrait d’Italie, selon le ministère français de la Santé, précisant que leur état de santé n’inspirait aucune inquiétude. Quatorze cas ont au total été détectés en France, un est mort et onze sont considérés comme guéris.

Aux Canaries, plusieurs centaines de touristes sont confinés dans un hôtel de l’île espagnole de Tenerife où a séjourné un Italien qui pourrait être porteur du coronavirus.

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait averti lundi que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale.

L’agence de l’ONU s’inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

La Chine, berceau du virus, est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l’épidémie de coronavirus, a déclaré le président Xi Jinping. Sur le continent africain justement, après l’Égypte, une deuxième infection a été officiellement enregistrée : en Algérie, sur un Italien arrivé dans ce pays le 17 février.

Un vice-ministre contaminé

En Iran, la mission d’une équipe d’experts de l’OMS a été retardée, mais reste prévue. Téhéran a annoncé mardi trois nouveaux décès, portant son bilan à 15 morts, le plus lourd en dehors de la Chine. Le vice-ministre de la Santé en personne, Iraj Harirchi, a été testé positif au coronavirus.

Dans un contexte de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a exigé de l’Iran qu’il dise « la vérité ».

Les Émirats arabes unis ont suspendu mardi tous les vols en provenance et à destination de l’Iran, une décision qui concerne au premier chef l’aéroport de Dubaï, le plus grand du monde pour les passagers étrangers.

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Un préposé sanitaire désinfecte les murs du mausolée Masoumeh, à Qom, un centre religieux où les pèlerinages accélèrent l’épidémie.

Plusieurs pays de la région ont annoncé des cas de contamination chez des personnes de retour d’Iran.

En Corée du Sud, la situation est « très grave », s’est alarmé le président Moon Jae-in, alors que le nombre de contaminations a encore bondi pour atteindre près d’un millier de cas.

Le pays, qui compte 11 morts selon le bilan annoncé mercredi matin, est ainsi le premier foyer mondial de contamination après son voisin chinois. Le bilan d’infections en Corée du Sud s’élève à 1146 personnes touchées, après l’ajout de 169 nouveaux cas mercredi matin.

La plupart des cas confirmés sont liés à une secte d’inspiration chrétienne, dont une fidèle aurait contaminé des centaines d’autres croyants.

Près d’une centaine de personnes présentes sur un avion en provenance de Séoul et arrivé à Nankin (est de la Chine) ont été mises en quarantaine, car trois passagers chinois présentaient des symptômes lorsqu’une équipe des douanes est venue à bord pour en déceler d’éventuels.

En Chine, où le nouveau coronavirus est apparu en décembre à Wuhan (centre), la décrue continuait mercredi matin. Le pays a enregistré 52 nouveaux décès en 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines (il y en avait eu 71 la veille), outre 406 nouvelles contaminations.

D’après l’OMS, l’épidémie a connu un « pic » puis un « plateau » entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de Wuhan (11 millions d’habitants).  

En dehors de cette région, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal, notamment à Pékin où la circulation automobile s’intensifiait légèrement.

Apple a rouvert plusieurs de ses magasins fermés depuis près d’un mois. Mais les universités ne rouvriront pas tant que l’épidémie n’aura pas été maîtrisée, a averti le ministère de l’Éducation.

Non loin de là, le Japon a annoncé le décès d’un quatrième passager issu du paquebot Diamond Princess où près de 700 personnes ont été contaminées.