La paranoïa n'est pas l'apanage de la droite au temps de la guerre contre le terrorisme. Sur les ondes de la station de gauche Air America, je viens d'entendre une journaliste évoquer sur un ton effrayé une rumeur faisant du sénateur du Connecticut Joe Lieberman le successeur d'Alberto Gonzales à la Justice. Réélu à titre d'indépendant en 2004, Lieberman fait partie du caucus démocrate au Sénat, ce qui ne l'empêche pas de se porter souvent à la défense de l'administration Bush.

Ainsi, Lieberman a affirmé lundi que les Américains devaient remercier et non conspuer Gonzales pour son travail à la Maison-Blanche et à la Justice. Ardent défenseur de la guerre en Irak, promoteur d'une attaque contre l'Iran, Lieberman est devenu la bête noire de la gauche démocrate, qui le soupçonne de vouloir passer officiellement dans le camp des républicains.

Il va sans dire que la nomination de Lieberman à la Justice ferait rager la gauche. Non seulement l'ex-sénateur démocrate se mettrait-il officiellement au service de l'administration Bush, mais il ouvrirait aussi la porte à la nomination d'un républicain pour occuper son siège au Sénat.

Je me souviens d'avoir eu à décrire un scénario semblable à la suite de la démission de Donald Rumsfeld à la Défense. Notons que Joe Lieberman a commencé sa carrière politique comme Attorney General du Connecticut.

(Photo Reuters)