Rick Perry est sorti hier soir à Las Vegas de l'état catatonique qui avait caractérisé ses performances lors des derniers débats télévisés entre les candidats à l'investiture républicaine pour la présidence. Combatif et énergique, il a notamment accusé Mitt Romney d'avoir embauché des sans-papiers pour entretenir sa propriété, réussissant à faire perdre à son rival son sang-froid habituel. Je cite une de ses attaques :

«Mitt, vous perdez toute crédibilité selon moi parce que vous avez embauché des illégaux dans votre maison. Et vous étiez au courant pendant un an. Et l'idée que vous vous présentez devant nous et que vous vous vantez d'être fort sur l'immigration est le sommet de l'hypocrisie.»

Après avoir tenté d'esquiver l'attaque du gouverneur du Texas, Romney a mis l'embauche des sans-papiers sur le compte de la compagnie dont il avait retenu les services pour entretenir sa propriété. Le Boston Globe a écrit un premier article sur cette histoire en 2006. Un an plus tard, le journal est revenu à la charge en révélant que la compagnie à laquelle Romney faisait appel embauchait toujours des sans-papiers.

L'échange entre Perry et Romney sur l'immigration, que l'on peut voir dans le clip qui coiffe ce billet, a marqué le débat le plus musclé et intéressant entre les prétendants républicains. Un débat présenté sur CNN au cours duquel Romney a également dû se défendre contre les attaques de ses rivaux, dont un Rick Santorum très agressif, à propos de sa réforme du système de santé au Massachusetts, qui a de nouveau été comparé à celle de Barack Obama. Le Boston Globe a un bon compte rendu des moments où Romney «s'est hérissé», pour employer l'expression du journal.

Quant à Herman Cain, meneur de la course à l'investiture républicaine dans certains sondages, il a passé une soirée difficile. Sa défense de son «plan 9-9-9» pour réformer la fiscalité a laissé à désirer face aux tirs regroupés de ses rivaux. Et, après le débat, il a dû revenir sur sa déclaration selon laquelle il ne négocierait jamais avec les terroristes. Il avait pourtant dit avant le débat à l'animateur Wolf Blitzer qu'il serait prêt, dans certaines circonstances, à échanger un soldat américain contre tous les détenus de Guantanamo.

Ce débat marquera peut-être la fin de son ascension dans les sondages.

Certains analystes, dont David Gergen de CNN, ont jugé que Barack Obama est sorti gagnant de ce débat où les principaux candidats républicains se sont entre-déchirés. D'autres ont donné la victoire à Romney, qui a bien résisté selon eux aux attaques dont il a été la cible.