Vaudou économique : lors de la campagne présidentielle de 1980, George Bush père a utilisé cette expression pour dénigrer les réductions d'impôts tous azimuts proposées par Ronald Reagan, qui y voyait la manière la plus efficace d'obtenir une croissance économique plus élevée.

De toute évidence, Reagan a pardonné à Bush père son injure en faisant de lui son colistier. Et l'un des fils de Bush, George W., a emprunté à Reagan le concept de l'économie de l'offre pour justifier, en tant que président, ses réductions d'impôts, qui ont contribué à transformer le surplus budgétaire dont il a hérité en déficits.

Qu'à cela ne tienne : Jeb Bush est revenu à la charge hier en proposant un plan fiscal qui prévoit notamment de réduire le taux d'imposition des contribuables les plus fortunés de 39,6% à 28% et celui des entreprises de 35 à 20%. Le coût de l'ensemble des réductions d'impôts proposées par le candidat républicain : 3 400 milliards de dollars sur dix ans. Or, selon les experts de Bush, la forte croissance économique qui suivrait ces réductions ramènerait le manque à gagner à 1 200 milliards de dollars sur dix.

Il va sans dire que les experts de Bush n'accordent aucun crédit aux études qui concluent que les réductions d'impôts, y compris celles de Reagan, ont eu par le passé un effet négligeable sur la croissance économique.

À noter que le plan fiscal de Bush comporte au moins un élément susceptible de déplaire aux conservateurs purs et durs et aux financiers de Wall Street : l'élimination de la niche fiscale qui permet aux fonds spéculatifs de payer seulement 15% d'impôt sur leurs plus-values. De quoi réjouir Elizabeth Warren ou Bernie Sanders!

Mais à part de ça, it's voodoo economics as usual, comme dirait Poppy Bush.