Non, ce n'est pas Hillary Clinton, même si certains seraient portés à le penser après avoir vu hier soir le deuxième débat des primaires républicaines pour la présidence présenté sur CNN (le Clown News Network, selon le Daily News de New York). De l'avis général, la gagnante a été Carly Fiorina, qui a dominé ses rivaux pendant une portion importante de cet affrontement interminable qui a duré un peu plus de trois heures.

S'exprimant sur un ton assuré pour parler de politique étrangère comme d'avortement, l'ancienne patronne d'Hewlett-Packard a peut-être dégonflé la bulle de Donald Trump en répondant par une seule phrase à l'insulte récente de l'homme d'affaires concernant son apparence («Regardez ce visage! Qui voudrait voter pour ça?», a dit le Donald au magazine Rolling Stone, prétendant plus tard qu'il avait voulu parler du personnage de Fiorina).

«Je pense que toutes les femmes du pays ont très clairement entendu ce que M. Trump a dit», a déclaré la candidate en déclenchant des applaudissements nourris dans la Biblbiothèque présidentielle Ronald Reagan, où avait lieu le débat.

«Je pense qu'elle a un beau visage, et je pense qu'elle est une belle femme», a répliqué Trump en tentant de faire amende honorable.

Fiorina ne passera peut-être pas en tête des sondages après sa performance, mais elle a de bonnes chances d'éclipser celui qui détient aujourd'hui le deuxième rang, le neurochirurgien Ben Carson, très effacé et peu efficace pendant la soirée.

Trump aura été la cible de plusieurs attaques au début du débat. «Nous n'avons pas besoin d'un apprenti à la Maison-Blanche, nous en avons déjà un», a notamment déclaré le gouverneur du Wisconsin Scott Walker en faisant allusion au titre de la téléréalité animée jadis par son rival.

Aussi combatif que d'habitude, le milliardaire n'a pas ménagé ses piques. «Vous avez un énorme déficit budgétaire (au Wisconsin). Quand les gens d'Iowa l'ont découvert, je suis passé en tête et vous vous êtes effondré», a-t-il notamment déclaré en réponse à Walker.

Trump s'en est également pris au sénateur du Kentucky Rand Paul en affirmant qu'il n'aurait pas dû être invité au débat. Mais il est resté à peu près silencieux pendant une partie importante du débat consacrée à la situation en Syrie et à la relation entre les États-Unis et la Russie. «Je lui parlerai et nous nous entendrons», a-t-il déclaré au sujet de Vladimir Poutine avant de s'effacer.

Cette déclaration résume bien la superficialité de la plupart des interventions du Donald, qui a répété sa promesse de bâtir un mur le long de la frontière sud pour empêcher les affreux Mexicains d'envahir les États-Unis.

Jeb Bush a mieux paru qu'au premier débat, ce qui n'était guère difficile. Il a participé à quelques échanges corsés avec Trump, dont l'un lui a valu des applaudissements nourris des spectateurs présents pour une réponse qui a échappé à plusieurs téléspectateurs.

Critiquant la guerre en Irak, Trump a déclaré, en s'adressant à Bush : «L'administration de votre frère nous a donné Barack Obama.» Et Bush de répliquer : «Pour ce qui concerne mon frère, il y a une chose que je sais de façon certaine : il nous a gardés en sécurité.»

Sur Twitter, plusieurs internautes ont réagi en mentionnant les attentats du 11 septembre 2001, survenus après que la CIA eut prévenu l'administration Bush qu'Oussama ben Laden se préparait à attaquer les États-Unis.

En intervenant entre Donald Trump et Carly Fiorina qui se disputaient pour déterminer lequel des deux avait le pire bilan en affaires, le gouverneur du New Jersey Chris Christie a sans doute marqué des points auprès de certains téléspectateurs. «Cessez ces enfantillages, a-t-il dit. Vous avez eu du succès tous les deux. Vous savez qui n'a pas eu de succès. La classe moyenne, qui est écrasée par Obama.»

Marco Rubio et Ted Cruz ont également dû impressionner des républicains avec leur maîtrise de leurs dossiers préférés (la politique étrangère pour le sénateur de Floride et la Constitution pour le sénateur du Texas).