Live Free or Die. La devise du New Hampshire exprime l'esprit d'indépendance et de rébellion de ses citoyens. Et ceux-ci lui ont fait honneur hier en donnant la victoire à deux outsiders en guerre contre l'establishment politique lors des primaires de cet État de la Nouvelle-Angleterre.

La victoire de Bernie Sanders a de quoi ébranler Hillary Clinton. Le sénateur du Vermont n'a pas seulement écrasé l'ancienne secrétaire d'État chez les jeunes. Il a également fait le plein de votes au sein de deux groupes qui avaient permis à sa rivale de surprendre Barack Obama en 2008 au New Hampshire : les femmes et les cols bleus.

Sanders a également pulvérisé Clinton auprès des électeurs qui estiment important d'avoir un candidat «honnête et digne de confiance».

Clinton a prononcé un discours combatif après sa défaite, mais son utilisation fréquente du «je» donnait l'impression qu'elle postulait pour un emploi. À l'opposé, Sanders s'est présenté comme un meneur de mouvement en employant le «nous» à profusion.

Cela dit, rien n'est encore joué chez les démocrates. Comme on peut le constater dans le tableau ci-dessous, Clinton domine les sondages dans les prochains États qui tiendront des votes. Des États où l'électorat est plus représentatif du Parti démocrate sur le plan démographique et où les indépendants, sauf exception, ne pourront mêler les cartes, comme ce fut le cas au New Hampshire.

Mais Clinton devrait commencer à s'inquiéter sérieusement des failles de son message et de sa performance en campagne. Sévèrement touché par la crise financière de 2008, le Nevada est particulièrement susceptible d'être sensible au discours de Sanders, qui promet de hausser le salaire minimum à 15$ de l'heure et à démanteler les grandes banques.

Chez les républicains, la victoire de Donald Trump est d'autant plus troublante pour l'establishment du parti que le candidat milliardaire domine les sondages dans la plupart des États qui tiendront des votes d'ici la fin du mois et en mars. Et les résultats du New Hampshire n'ont permis à aucun de ses concurrents de sortir du lot, sauf peut-être John Kasich, dont la modération ne lui permettra pas de le menacer dans les États plus conservateurs.

Jeb Bush et Marco Rubio, puni pour sa contreperformance lors du huitième débat républicain, continueront la course au moins pour un temps, mais ils ne contribueront qu'à disperser le vote anti-Trump.

Tout comme Sanders, qui fustige Wall Street et Washington, Trump tient un message qui résonne fortement chez ses partisans, furieux contre l'immigration illégale, insatisfaits de leur situation économique et inquiets de la menace terroriste. Son adversaire le plus sérieux demeure Ted Cruz, troisième au New Hampshire, qui fait également suer l'establishment de son parti.

Pas de doute, les mordus de la politique américaine ne risquent pas de s'ennuyer au cours des prochaines semaines.