En juillet dernier, Bill Clinton exprimait des regrets devant la NAACP concernant les retombées de la loi sur la criminalité de 1994, qui a contribué à envoyer des criminels mineurs en prison pour des peines «beaucoup trop longues». «J'ai signé une loi qui a exacerbé le problème, et je veux l'admettre», disait-il aux membres du groupe de défense des droits civiques des Noirs.

Le même mois, Hillary Clinton tenait un discours à l'Université Columbia sur le système judiciaire, promettant de réformer le système judiciaire américain et de mettre un terme à l'incarcération massive des Noirs. Récemment, elle s'est en outre excusée d'avoir utilisé en 1996 une expression jugée raciste par certains - «super-prédateurs» - pour parler des criminels visés par la loi sur la criminalité promulguée par son mari.

Or, ce dernier a non seulement défendu cette loi et cette expression hier après avoir été interrompu par des militants du mouvement Black Lives Matter lors d'un discours de Philadelphie. Voici un extrait de sa sortie :

«Je ne sais pas comment vous qualifieriez les chefs de gang qui dopaient des jeunes de 13 ans au crack et les envoyaient dans la rue pour tuer d'autres enfants afro-américains. Peut-être pensez-vous qu'ils étaient de bons citoyens. Elle (Hillary) ne le pensait pas... Vous défendez les gens qui ont éteint les vies dont vous dites qu'elles sont importantes! Dites la vérité! Vous défendez les gens qui ont forcé les jeunes gens à sortir dans la rue et à s'armer.»

À en juger par plusieurs commentateurs progressistes, l'oncle Bill, celui qui avait causé bien des ennuis à sa femme lors de sa campagne présidentielle, était de retour. Certains de ces commentateurs ont conclu que l'épisode prouvait que l'ancien président avait perdu ce qui lui restait de flair politique ou qu'il était dépassé par les événements ou qu'il ne savait plus ce qu'il disait.

Le journaliste du Washington Post James Hohmann présente un ici un point de vue différent. Selon lui, la sortie de Clinton ne relevait pas de l'improvisation ou de la confusion. L'oncle Bill savait exactement ce qu'il faisait. En répliquant sur un ton aussi agressif aux militants du mouvement BLM, il pensait à l'élection générale. Son objectif : rallier à la cause de sa femme une partie des Blancs de la classe ouvrière qui votent aujourd'hui pour Bernie Sanders ou Donald Trump.

Selon Hohmann, il s'agit d'une stratégie risquée.

P.S. : Disons que la théorie de Hohmann tient moins bien la route aujourd'hui. Bill Clinton a exprimé du regret pour sa réponse d'hier à des militants de Black Lives Matter, affirmant qu'il «avait presque envie de s'excuser». Il a affirmé qu'il n'avait voulu que défendre sa femme.